Mobilisation du 22 mars : à gauche, une union de circonstance

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Olivier Besancenot, du NPA, Jean-Luc Mélenchon, de la France Insoumise, et Pierre Laurent, du PCF, descendront tous dans la rue jeudi. Mais pas ensemble. © PIERRE ANDRIEU / AFP
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Toutes les forces de la gauche seront de la partie jeudi pour la grande manifestation en soutien aux fonctionnaires et aux cheminots. Pour autant, l’union politique semble encore loin.

Ils vont venir, ils seront tous là. Jeudi, tous les leaders de la gauche, du NPA d’Olivier Besancenot au PS d’Olivier Faure, seront dans la rue pour participer à la grande mobilisation d’opposition aux réformes de la fonction publique et de la SNCF. Le casting est inédit depuis l’élection d’Emmanuel Macron. Pour autant, il ne présage pas d’une union politique concrète des forces de gauche. Car les tensions demeurent.

Une unité affichée, mais un défilé en ordre dispersé

C’est Olivier Besancenot qui, le premier, dès le 9 mars, a lancé un appel à l’unité. "On aurait besoin d'un front commun qui aille de Benoît Hamon à Jean-Luc Mélenchon, Pierre Laurent, Nathalie Arthaud, à d'autres organisations sociales et politiques", avait lancé la figure du NPA sur BFMTV. Le candidat aux présidentielles de 2002 et 2007 semble avoir été entendu.

Lundi, une douzaine d’organisations ont signé une "déclaration unitaire" pour appeler à la mobilisation. Parmi elles, La France insoumise, le PCF, Europe Ecologie-Les Verts, Le NPA, Génération.s mais aussi des organisations plus confidentielles comme Nouvelle Donne, Ensemble ou la Gauche démocratique et sociale. "Ils nous veulent désunis ? Nous répondons que nous serons dans la rue le 22 mars pour défendre l’accès au service public, à commencer par le ferroviaire, les cheminot.e.s, mais aussi l’ensemble des fonctionnaires et l’intérêt des usager.e.s", écrivent ces organisations.

Mercredi matin, les représentants des mêmes douze mouvements ont tenu une conférence de presse commune. "Ce qui est très important ici, ce sont nos positions communes pour défendre le service public, au-delà du statut des cheminots avec un soutien indéfectible à la mobilisation" jeudi, et "on sait qu'elle sera forte", a lancé Olivier Besancenot. Au nom de Génération.s, Pascal Cherki a affirmé que pour "donner de la force au combat social, il faut accompagner l'unité syndicale des cheminots par l'unité politique". 

Pour autant, cet appel commun ne se matérialisera pas dans le défilé, sinon en grossissant les rangs. Car chacun manifestera de son côté, sous sa propre banderole.

La stratégie solitaire de la France insoumise au cœur des critiques

La France insoumise fait bel et bien partie des organisations qui ont appelé, avec d’autres, à manifester. Pour autant, l’enthousiasme n’est pas débordant. Jean-Luc Mélenchon, l’incontournable figure du mouvement, s’est contenté du strict minimum en écrivant sur son blog, le 15 mars dernier, qu’il "appuie personnellement toutes les initiatives visant à regrouper des forces pour cette bataille".

Ce peu de fièvre s’explique par la stratégie adoptée par LFI depuis l’élection d’Emmanuel Macron. D’une part, le mouvement veut incarner seul l’opposition au président de la République à gauche. D’autre part, il estime cette forme de mobilisation inefficace et dépassée. En témoigne la tentative, manquée, de batailler seul en septembre contre les ordonnances réformant le Code du travail. Une initiative qui avait fait un flop en termes de mobilisation, mais qui surtout avait fâché les syndicats et les potentiels partenaires politiques des Insoumis.

Et cela a laissé des traces. "Personne à lui seul ne peut incarner l’opposition sociale et politique à la gauche du gouvernement Macron", pointait Olivier Besancenot le 9 mars. Quelques jours plus tard, dans le JDD, Benoît Hamon en rajoutait une couche, plus clairement. "J'appelle les dirigeants de La France insoumise à mettre entre parenthèses leur stratégie solitaire pour ajouter leurs forces à la mobilisation unitaire", lançait le fondateur de Génération.s.

La France insoumise n’avait guère d’autres choix que de se rallier, sous peine de ne pas être comprise par le peuple de gauche. Mais la pression amicale de ses alliés de circonstance n’a pas forcément plu. "Oui, Besancenot nous oblige à faire l’unité. Mais ça ne compte pas, ça, ce sont des gamineries", s’agace un député Insoumis dans Le Monde. Certains avancent même que cette stratégie consiste aussi à "casser la dynamique de Jean-Luc Mélenchon".

Le PS laissé de côté

Et le PS dans tout ça ? Il n’a pas été convié à la fête. "On ne leur a pas proposé, c’est vrai", assume auprès du Monde Sandra Simplon, membre de la direction du NPA. "C’est un parti qui a beaucoup privatisé lorsqu’il était au gouvernement. Ce que l’on veut, c’est montrer l’unité à gauche du PS". Olivier Faure, le futur premier secrétaire du parti, a tout de même annoncé qu’il sera bien dans la rue jeudi. Mais cet épisode montre son isolement, et les difficultés qui se dressent devant le nouvel homme fort du Parti socialiste.