Marseille : Valls et le défi de l'insécurité

Depuis son arrivée place Beauvau, Manuel Valls s’active et assure avoir mis les moyens, à Marseille, avec "230 policiers et gendarmes de plus (…) alors que les années précédentes", sous Nicolas Sarkozy, "on avait supprimé 175 postes de policiers".
Depuis son arrivée place Beauvau, Manuel Valls s’active et assure avoir mis les moyens, à Marseille, avec "230 policiers et gendarmes de plus (…) alors que les années précédentes", sous Nicolas Sarkozy, "on avait supprimé 175 postes de policiers". © MaxPPP
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Très actif, le ministre de l’Intérieur ne parvient toutefois pas à réellement contenir la violence dans la cité phocéenne.

Le contexte. Non, tout ne réussit pas à Manuel Valls. Au cœur de l’actualité tout l’été, toujours à la fête dans les sondages - 61% des Français sont satisfaits de son action -, le ministre le plus populaire du gouvernement rencontre toutefois une difficulté, et de taille : la violence à Marseille où à eu lieu, lundi soir, un nouveau règlement de comptes mortel, le onzième depuis le début de l’année selon lui, quand l'AFP en décompte 13. Un bilan peu flatteur pour l’action du ministre de l’Intérieur, qui se rendra d’ailleurs une nouvelle fois, mardi, dans la cité phocéenne, accompagné de Jean-Marc Ayrault.

Des moyens, des moyens, des moyens. La sécurité, c’est son dada. La fermeté, sa marque de fabrique. Depuis son arrivée place Beauvau, Manuel Valls s’active et assure avoir mis les moyens, à Marseille, avec "230 policiers et gendarmes de plus (…) alors que les années précédentes", sous Nicolas Sarkozy, "on avait supprimé 175 postes de policiers". Mais, s’il se félicite de voir "la délinquance quotidienne qui baisse" et le "démantèlement de trafics de drogue", le premier flic de France ne peut que constater l’inefficacité des politiques menées. Mardi matin, invité de BFMTV, il a annoncé (encore) de nouveaux efforts de son ministère : "nous allons (...) donner des moyens supplémentaires à la police judiciaire. J'en ai parlé" au patron de la PJ marseillaise, "il a besoin de postes supplémentaires d'enquêteurs pour aller au cœur de ces trafics" de drogue qui gangrènent la ville.

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© REUTERS

Et, en bon politicien qu’il est, Manuel Valls a également glissé au passage un petit tacle au maire UMP de la ville : "il a fallu que ce gouvernement se mette en place et que je décide de mettre le paquet sur Marseille (...) pour que Jean-Claude Gaudin (photo) décide enfin d'un plan de vidéoprotection pour toute la ville - ça ne concernait que le centre-ville -, décide enfin, progressivement, de mettre en place une police municipale qui n'existait pas" et doit "être armée", a-t-il lancé. L'édile de Marseille s'est dit "stupéfait des propos démagogiques tenus par Manuel Valls".

Valérie Boyer, députée UMP et adjointe au Maire de Marseille en charge de la rénovation urbaine et de la cohésion sociale, a elle aussi répondu aux accusations du ministre de l’Intérieur au micro d’Europe 1. "Une fois de plus, il montre qu’il connaît très mal Marseille. C’est un procès injuste, car c’est la ville de Marseille qui porte tous les projets de rénovation urbaine et que les collectivités locales, où Manuel Valls a ses amis, interviennent peu, et très timidement." Et de conclure : "il fait des moulinets et panique car il voit bien que les effets de manche, ça ne fonctionne pas à Marseille, qui de vient le symbole de l’échec du couple Valls-Taubira."

"Un spectacle désolant". A l’UMP - alors même que Manuel Valls a attaqué Jean-Claude Gaudin  -, on reste pour le moment silencieux. Accuser le ministre de l’Intérieur de trop en faire, c’est s’exposer à une contre-attaque foudroyante de la gauche sur le thème "vous avez oublié Sarkozy, non ?" Alors Jean-François Copé a trouvé la parade : esquiver le ministre de l’Intérieur pour taper directement sur le chef de l’Etat. Revenant sur la passe d’armes entre Valls et Taubira sur la future politique pénale, mardi matin sur RTL, le patron de l’UMP a ainsi évoqué "un spectacle désolant, avec des ministres qui se battent entre eux, tout simplement parce que le président de la République n’assume pas une politique courageuse. C’est de lui que nous attendons des réponses, et pas des envolées lyriques de tel ou tel ministre."

Eric Ciotti, député des Alpes-Maritimes, proche de François Fillon, a choisi Twitter pour exprimer :

"L’échec de la Valls hésitation". Très discret ces dernières semaines, le Modem s’est fendu d’un communiqué, lundi soir, pour dénoncer l’hyperactivisme de Manuel Valls, accusé de faire de la communication politique, comme un certain… Nicolas Sarkozy époque Beauvau. "Chaque semaine, c'est le même défilé, les mêmes annonces, les mêmes artifices de communication", le ministre de l'Intérieur "Manuel Valls envoie des fourgons de CRS, le temps d'une conférence de presse et de quelques photos. Puis ils repartent comme ils sont venus. Finalement, sur le terrain, rien ne change. Nous assistons à l'échec de la Valls hésitation", déplore le secrétaire général du mouvement centriste, Christophe Madrolle.

Ses collègues du gouvernement agacés. manuel Valls n'a pas que des ennemis au sein de l'opposition. Dans son camp, son ambition et son hyperactivité ne plaisent pas à tout le monde. Lundi, lors du séminaire de rentrée du gouvernement, Manuel Valls s’est fendu d’une petite phrase - la France doit faire la démonstration que "l'islam est compatible avec la démocratie" - qui a choqué certains des présents. Des ministres y ont vu "un moment de consternation outrée", selon les mots d'un des participants cités par Libération. "Il a franchi un cap hallucinant", a confié un autre. "C’est sûr que sa sortie a conforté tous ceux qui le jugent trop à droite", glisse un autre ministre dans le Parisien. "Cela a jeté un froid polaire", assure un dernier. Mardi matin, Manuel Valls est resté droit dans ses bottes : "les attaques des uns et des autres, ce n'est pas mon problème, je m'en fiche".

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