Macron pas "l'obligé" de Hollande : le ministre évoque "une phrase sortie de son contexte"

Le 14 avril, Hollande avait déclaré à propos de Macron : "Il sait ce qu'il me doit".
Le 14 avril, Hollande avait déclaré à propos de Macron : "Il sait ce qu'il me doit". © ALAIN JOCARD / AFP
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avec AFP , modifié à
Dans une interview à paraître vendredi, le ministre de l'Économie affirme que François Hollande ne l'a pas nommé "pour en faire son obligé".

Emmanuel Macron n'en finit plus de faire l'actualité. Dans une interview à paraître vendredi dans les journaux du groupe Ebra, le ministre de l'Économie explique avoir une "loyauté personnelle envers François Hollande", sans avoir le sentiment d'être "son obligé" ou l'homme d'un "clan". "J'ai une loyauté personnelle envers François Hollande. Je lui dois de m'avoir fait confiance et de m'avoir nommé au gouvernement. En même temps, lorsqu'un président nomme quelqu'un ministre, il le fait parce qu'il pense que c'est bon pour son pays, pas pour en faire son obligé", affirme le ministre, qui se dit "Loyal sur le plan personnel" mais "n'appartenant à aucun clan sur le plan politique". Il se donne avant tout un devoir : "tout faire pour que les Français retrouvent le goût de l'avenir".

Dans la soirée de jeudi, le ministre a regretté "une phrase sortie de son contexte". "On ne veut sortir qu'une phrase de son contexte, parce que certains souhaitent affaiblir le président de la République. C'est insupportable", a-t-il tonné. Le 14 avril dernier, lors de son intervention télévisée sur France 2, François Hollande avait fait une déclaration en forme de mise au point en évoquant son ministre de l'Économie : "C'est, entre nous, non pas simplement une question de hiérarchie, il sait ce qu'il me doit, c'est une question de loyauté personnelle et politique".

Prendre "le calendrier politique dans le bon ordre". Le ministre de l'Économie, qui a lancé le 6 avril son mouvement, En marche !, rappelle dans cette interview qu'il entend bousculer le "système bipartiste, avec d'un côté le PS et de l'autre les Républicains", et prendre le "calendrier politique dans le bon ordre". "Il faut une recomposition de l'offre politique, et il la faut maintenant", insiste-t-il dans l'entretien publié vendredi. "Dans la logique actuelle, on parle d'abord des personnes (...) Les partis choisissent d'abord un candidat, qui cherche à accentuer le clivage droite-gauche pour gagner sa primaire. Ensuite, chacun va chasser des voix au centre pour gagner l'élection. Et au lendemain de l'élection, on cherche à reconstruire des équilibres, des unions, on lance un grand bilan du pays...", décrit le ministre.

Pour lui, "il faut faire les choses dans l'autre sens : d'abord le bilan, le diagnostic du pays, ensuite les idées et les actions pour y répondre et enfin les personnes". C'est à ce diagnostic du pays que veut s'attaquer le ministre en envoyant ses "marcheurs" à la rencontre de 100.000 personnes dans une grande campagne de porte-à-porte. 

"Le vrai clivage" n'est pas "entre la gauche et la droite". Pour l'ancien conseiller à l'Elysée de François Hollande, "le vrai clivage aujourd'hui, il est entre les progressistes et les conservateurs, plus qu'entre la gauche et la droite". Pour les "quatre questions" structurantes que sont le travail, le "rapport à la sécurité et à la liberté", le "traitement des inégalités" et l'Europe, il existe "une majorité progressiste, la même qui s'est dégagée lors des débats à l'Assemblée sur la loi Activité-Croissance" (la loi Macron, ndlr).

"Fondons maintenant cette majorité progressiste", demande le ministre, qui précise ne pas vouloir "nouer des pactes entre les appareils politiques existants" comme le propose le Premier ministre. "Les gens ne comprennent plus qu'on exacerbe artificiellement les différences le temps de la campagne pour prétendre s'arranger pour gouverner. Moi non plus", assène-t-il.