Liban : une trêve précaire à Nahr al Bared

  • Copié
Administrator User , modifié à
A la faveur d'une trêve fragile, des camions d'aide humanitaire ont pu entrer mardi dans le camp de Nahr al Bared, dans le nord du Liban, après trois jours d'affrontements sanglants entre l'armée et les combattants du Fatah al Islam. Bernard Kouchner, le nouveau ministre des Affaires étrangères, a annoncé qu'il se rendra dès demain au Liban.

De nombreux civils ont profité de l'accalmie précaire dans les violences qui touchent le Liban depuis ce week-end pour remplir leur voiture et fuir le camp de réfugiés palestiniens de Nahr al Bared, en arborant des drapeaux blancs à la fenêtre de leur véhicule. A la faveur d'une trêve fragile, des camions d'aide humanitaire ont pu entrer mardi dans le camp. Mais plusieurs travailleurs humanitaires ont été obligés de quitter le camp après que des obus se sont abattus sur leur convoi, tuant au moins deux jeunes gens. Un autre convoi, de l'Onu celui-là, a également dû se replier en raison de tirs sporadiques. Bernard Kouchner, le nouveau ministre des affaires étrangères, se rendra au Liban demain et vendredi pour réaffirmer la solidarité française dans cette période critique. Ce sera son premier déplacement hors d'Europe depuis sa nomination. L'armée tente depuis dimanche de déloger du camp les combattants du Fatah al Islam, une faction armée qui, sans être affiliée à Al Qaïda, partage dans les grandes lignes les orientations politiques de la nébuleuse islamiste. Les combats ont cessé après que le Fatah al Islam a annoncé qu'il ne ferait plus usage de ses armes si les militaires faisaient de même. Les Nations unies ont profité de cette trêve pour tenter de livrer de la nourriture, de l'eau et des médicaments au camp, qui compte 40.000 habitants. Certains d'entre eux ont émergé de leur maison où ils se terraient depuis de longues heures pour constater l'étendue des dégâts, observer les immeubles éventrés par les obus. Les rues étaient jonchées de débris, et parcourues d'hommes en armes. Mais on ne dispose d'aucun bilan précis des victimes. "Mais qu'est-ce que les militaires faisaient ? Ils croyaient qu'ils avaient l'armée israélienne face à eux", s'interroge un habitant, Mahmoud Tayyar. Le Fatah al Islam n'a qu'une assise limitée au sein de la population du camp. Mais l'importance de la riposte de l'armée a certainement contribué à renforcer sa popularité. "Nous avons vu de nombreuses guerres, mais jamais des bombardements de cette intensité. Des quartiers entiers ont été détruits", raconte Djamal Laila, 40 ans. "Les enfants n'ont plus de lait, d'eau ou de pain." "Un camp entier est en train de se faire massacrer pour seulement 10, 20 ou 30 personnes." Au moins 22 activistes du Fatah al Islam, 32 soldats et 27 civils ont péri depuis le début des combats aux premières heures de dimanche à Tripoli, la deuxième ville du Liban, et à Nahr al Bared. Cinquante-cinq soldats ont également été blessés. Il s'agit des combats les plus violents entre armée libanaise et activistes depuis la guerre civile de 1975-1990.