Les ordonnances, Hollande détestait ça

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ARCHIVES - En 2005, sur Europe 1, l'actuel président critiquait l’utilisation des ordonnances.

Le contexte. Mercredi, François Hollande a fait savoir, par les voix de la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, et du président du groupe socialiste au Sénat, François Rebsamen, qu’il envisagait de légiférer "par ordonnances" afin d’accélérer le rythme des réformes. "Une idée saugrenue et grotesque", pour Eric Woerth, ancien ministre UMP du Budget. Une procédure qui "court-circuite le débat parlementaire ", selon l'ex-président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer (UMP). Un avis que partageait… François Hollande et Jean-Marc Ayrault, quand ils étaient dans l’opposition.

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Dominique de Villepin portrait

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Souviens-toi, en 2005. Alors Premier ministre, Dominique de Villepin adopte, par ordonnance, des mesures d’urgence pour l’emploi, à commencer par le Contrat nouvelle embauche. François Hollande, en tant que premier secrétaire du Parti socialiste, s’élève au micro d’Europe 1 contre ce qu’il estime être une aggravation de la précarité pour les travailleurs. Mais pas seulement. A la tribune de l’Assemblée nationale, le 8 juin 2005, le député de Corrèze fustige également une  "méthode détestable pour le Parlement." "Sur les questions essentielles de l'emploi et de la lutte contre le chômage, vous annoncez que vous allez recourir à la procédure des ordonnances, c'est-à-dire au dessaisissement du Parlement. Mais votre propre majorité devrait s'insurger contre une telle façon de faire !", lance-t-il sous les acclamations des bancs de l’opposition. Avant de se montrer menaçant : "si vous décidez de toucher par ordonnances au code du travail, vous prenez la responsabilité d'ouvrir à la rentrée un conflit avec le pays."

François Hollande sur Europe 1, le 3 août 2005 :

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La privatisation des autoroutes, décidée par la majorité, est également un motif de colère pour le patron des socialistes de l’époque. "Le gouvernement avait prévu de le faire sans saisir le Parlement et en manquant à toutes les règles de transparence. C’est une mauvaise décision, et une mauvaise méthode car on prive le Parlement de toute information et de toute transparence", brocarde François Hollande sur Europe 1, marchant ici dans les pas de François Bayrou, meneur de la fronde.

Ayrault, contestataire lyrique. François Hollande n’est pas seul à mener alors bataille contre l’utilisation des ordonnances par la majorité. Arnaud Montebourg y voit lui aussi un choix "insultant pour les partenaires sociaux, pour la représentation nationale et pour les Français". Mais le rebelle le plus original reste sans conteste le patron du groupe socialiste d’alors. S’adressant au Premier ministre Dominique de Villepin, Jean-Marc Ayrault se lance dans un argumentaire "croquignolesque", retrouvé dans les archives de l’Assemblée nationale, et dont Europe1.fr vous offre lecture :

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Depuis le Canada où il est en déplacement, Jean-Marc Ayrault a assuré, jeudi, qu'il assumait complètement ses positions passées : "je ne renie pas les critiques que j'ai pu faire à une certaine époque", dit-il, précisant que "le recours aux ordonnances ne peut être qu'exceptionnel."