Le prêt du groupe parlementaire à l'UMP, une affaire "gravissime"

Le groupe parlementaire UMP a prêté à son parti 3 millions d'euros tirés de sa dotation à l'Assemblée nationale, peu après les élections législatives de 2012.
Le groupe parlementaire UMP a prêté à son parti 3 millions d'euros tirés de sa dotation à l'Assemblée nationale, peu après les élections législatives de 2012. © MaxPPP
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avec Aurélien Fleurot , modifié à
REMOUS - Le premier parti d'opposition est divisé face à la nouvelle polémique qui le touche.

"Cela pose un problème de légalité. Est-ce qu'un groupe parlementaire peut jouer le rôle de banque à un parti ? Je ne pense pas", a taclé l'avocat et député UMP, Pierre Morel-A-L'Huissier, lundi matin sur Europe1. L'élu réagissait à la nouvelle polémique qui touche l'UMP.

Un discret prêt de 3 millions. Le groupe parlementaire du premier parti d'opposition a prêté à son parti 3 millions d'euros tirés de sa dotation à l'Assemblée nationale, peu après les élections législatives de 2012, a indiqué samedi soir son président Christian Jacob, confirmant une information de Mediapart.

A la suite de ces révélations, le président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone a annoncé dans un communiqué une prochaine révision des statuts des groupes parlementaires "pour permettre l'exercice d'un contrôle sur l'utilisation qu'ils font des dotations qui leur sont versées". Ceux-ci sont tirés du budget de l'Assemblée nationale, et donc de fonds publics, pour un montant de 10,1 millions d'euros au total en 2014, "pour leur permettre de disposer de personnels et d'organiser leurs travaux."

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"Des faits gravissimes". "Sans vouloir porter de jugements sur Christian Jacob, je lui demande de la transparence", a insisté lundi Pierre Morel-A-L'Huissier.  "Il faudra une mise au point. Il faut qu'il y ait une comptabilité à part. On souhaiterait que table rase soit faîte et que les parlementaires et les militants soient associés aux dépenses et aux recettes", a renchéri l'avocat. Le député UMP de Paris Pierre Lellouche juge également l'affaire "gravissime". "Je suis très inquiet pour la survie même de l'UMP, je ne sais pas si le parti est sauvable à ce stade. Il est peut-être trop tard", a-t-il même déclaré dans un entretien au Parisien/Aujourd'hui en France lundi.

... "Évitons l'amalgame avec Bygmalion". Christian Jacob, de son côté, ne voit pas ce qu'il y a "d'illégal à ce prêt". "Au lendemain des élections législatives, en attendant la dotation de l’État, le parti avait un trou de trésorerie et comme les finances du groupe le permettaient, on a fait un prêt de 3 millions d'euros au parti, avec une convention, un échéancier, un taux d'intérêt", a-t-il simplement expliqué samedi soir.

Il est en cela soutenu par le député UMP de la Marne, Benoist Apparu, interrogé lundi sur Europe1. "J'ai du mal à comprendre le délire qu'on est en train de faire. On parle d'un prêt, pas d'une subvention", tempère ainsi l'ex-ministre du Logement. "Il aurait probablement été judicieux que les députés en soient informés. Comme Christian Jacob est proche de Jean-François Copé, ça donne de l'eau au moulin de ceux qui veulent, par principe, sortir la mitraillette", reconnaît Benoist Apparu. Mais il conclut : "évitons de créer des amalgames entre cette affaire et l'affaire Bygmalion".

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