Le Président Sarkozy demande une majorité aux Français

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Nicolas Sarkozy a décidé de se lancer personnellement dans le combat électoral. Il a tenu une "grande réunion républicaine", mardi au Havre, dans le cadre de la campagne des élections législatives des 10 et 17 juin. Le nouveau chef de l'Etat a demandé aux Français de lui "donner une majorité" pour qu'il puisse mettre en oeuvre les réformes promises.

Le temps d'une "réunion républicaine", c'est-à-dire non partisane et sans le moindre écriteau, sigle, panneau ou pancarte de l'UMP - bien que celle-ci ait été mise à contribution pour l'organisation - Nicolas Sarkozy a retrouvé, au Havre, le chemin des estrades de campagne pour demander aux Français de lui donner les 10 et 17 juin une majorité parlementaire. "Françaises, Français, je vous demande de donner une majorité à la France pour qu'elle puisse avancer", a lancé le chef de l'Etat, dont c'était le premier discours public depuis son élection le 6 mai, devant environ 5.000 personnes réunies au Parc des expositions, sur les anciens docks du port. "Il vous reste deux semaines pour parachever l'impensable révolution que vous avez accomplie le 22 avril et le 6 mai. Il vous reste deux semaines pour décider ou non de me renouveler votre confiance", a-t-il poursuivi. "C'est le choix pour la France", a ajouté Nicolas Sarkozy, qui faisait un écho au discours prononcé le 28 janvier 1978, en pleine campagne législative, par son lointain prédécesseur Valéry Giscard d'Estaing, à Verdun-sur-le-Doubs en Saône-et-Loire. Et comme ce dernier, il a agité le spectre de la cohabitation, "avec son cortège de conflits larvés et de paralysie", bien qu'il soit pratiquement assuré de voir son parti, l'UMP, conserver la majorité à l'Assemblée nationale. Un décor sobre, aux couleurs du drapeau tricolore, avec une seule phrase en fond : "Ensemble pour la majorité présidentielle". "C'est à vous tous, Françaises et Français, que je veux m'adresser ce soir", ainsi a commencé Nicolas Sarkozy. Le chef de l'Etat a de nouveau promis de tenir "tous les engagements" de sa campagne et d'aller "loin" dans les réformes, "l'exigence de résultat" mais aussi "l'ouverture". Il a cité le général de Gaulle, fondateur de la Ve République, pour qui la France n'était ni de gauche ni de droite, et estimé que le rôle du chef de l'Etat était de "travailler à l'union de tous les Français". Et de poursuivre : "L'ouverture ne me fait pas peur". "J'ai été élu sur un projet (...) Mais dans la mise en oeuvre de ce projet, il y a de la place pour toutes les femmes et tous les hommes de bonne volonté qui aiment la France, qui veulent servir la France, sans renier leur histoire ni leurs convictions." Toutefois, il a averti qu'il ne laisserait personne "renier" ses engagements et "dénaturer" son projet et il a retrouvé les accents de sa campagne présidentielle pour fustiger la "pensée unique" - une critique visant notamment le Parti socialiste. "Je vois bien depuis quelques jours que la pensée unique est de retour (...) On la voit s'insinuer partout et s'opposer à tout", a-t-il déclaré. "C'est les mêmes qui disaient que je ne pouvais pas gagner qui disent que je ne pourrai pas agir. Ils n'ont pas compris la première fois, ils ne comprendront pas davantage la seconde. Alors je vais dire les choses tranquillement mais fermement: le règne de la pensée unique, c'est terminé." Il a promis de ne pas se "laisser enfermer dans les habitudes, dans la routine, dans les inerties des bureaucraties", ni de se "laisser prendre en main par les conservatismes, les corporatismes et les féodalités de toutes sortes". De nouveau, il a exposé sa méthode: "Pour bousculer les contraintes, pour en trancher les noeuds, il faut frapper fort et il faut agir sur tous les fronts à la fois, il faut créer un effet d'entraînement, il faut (...) une masse critique." Il a cité Danton, figure de la Révolution française : "De l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace et la France sera sauvée. C'est exactement ce que je veux faire !" "Je ne laisserai personne faire obstacle aux réformes que j'estime nécessaire", a insisté Nicolas Sarkozy. "Ce que j'ai dit, je le ferai. Je le ferai dans la concertation, dans la négociation. Je le ferai calmement. Je le ferai en essayant de convaincre. Je ne veux pas passer en force. Mais croyez-moi, je le ferai. Et s'il faut passer des jours et des nuits pour convaincre, eh bien, on va convaincre. Je serai inépuisable." "Je serai un président qui gouverne", a-t-il ajouté. "Je le serai avec le souci de rester au-dessus des partis et de conserver ce rôle de rassembleur qui est l'essence-même de la fonction présidentielle. Mais je le serai."