Le couple franco-allemand et la taxe Tobin

© Max PPP
  • Copié
avec agences , modifié à
Quelles sont les positions respectives de Sarkozy et Merkel sur le sujet ? Europe1.fr fait le point.

La France risque de faire cavalier seul. Nicolas Sarkozy et Angela Merkel étaient réunis lundi, à Berlin, en Allemagne pour un déjeuner de travail. Au menu, la crise financière, le maintien de la Grèce dans l'euro, et surtout la taxe sur les transactions financières. Mais le couple franco-allemand n'est pas tombé d'accord sur la manière de la mettre en place.

"Une bonne initiative pour Berlin"

Sur le principe, les deux dirigeants semblent d'accord. "Madame Merkel et moi avons toujours dit que nous croyons au principe de cette taxe", a déclaré Nicolas Sarkozy "La Commission a repris notre idée et a mis sur la table une proposition de directive portant définition d'une taxe sur les transactions financières", a-t-il précisé.

"Ma conviction est que si nous ne montrons pas l'exemple ça ne se fera pas", a poursuivi le chef de l'Etat, avant d'ajouter : "Et donc, l'idée de la France, c'est tout simplement d'appliquer le projet de directive sur la création d'une taxe sur les transactions financières, tel qu'il est prévu par la Commission."

Dans un geste de bonne volonté remarqué, Angela Merkel a salué la détermination affichée par Nicolas Sarkozy. "Je pense que c'est une bonne initiative que la France dise maintenant 'il faut mettre les points sur les i, il faut passer aux actes'", a-t-elle dit.

Merkel et Sarkozy pas sur le même tempo

Mais les désaccords persistent sur les modalités d'introduction de cette taxe et les deux pays ne sont pas parvenus à un accord sur le calendrier. "A titre personnel, je dois vous dire que je peux imaginer une telle taxe dans la zone euro", a assuré Angela Merkel. "Il n'y a pas encore d'accord au sein de mon gouvernement, c'est vrai", a-t-elle cependant tempéré - allusion à l'opposition du Parti libéral d'Allemagne (FDP), son partenaire de coalition. Si Angela Merkel a salué l'initiative de Nicolas Sarkozy, elle a précisé qu'il n'y avait pas d'accord au sein du gouvernement allemand sur une telle taxe.

A trois mois et demi de l’élection présidentielle, Nicolas Sarkozy reste, lui, déterminé à accélérer la calendrier. "Ma conviction, c'est que si nous ne montrons pas l'exemple, ça ne se fera pas", a indiqué lundi le chef de l'État. L'objectif est plus qu'optimiste, en raison de l'opposition farouche de la Grande-Bretagne qui souhaite préserver les intérêts de la place financière de Londres. Passant outre les critiques que lui vaut cette initiative et les réticences des voisins Européens, Nicolas Sarkozy a même précisé qu'il était prêt à appliquer à la lettre un projet de la Commission européenne, dont il s'est attribué au passage la paternité.

Face au blocage annoncé d'une taxe à 27, l’exécutif français est ainsi prêt à faire cavalier seul sur ce projet, qui fera l'objet d'un texte présenté en conseil des ministres "probablement en février", a assuré dimanche Benoist Apparu, le secrétaire d'Etat au logement. Nicolas Sarkozy entend en effet mettre en place cette mesure - si possible en 2012 et non 2014 comme proposé par la Commission - dans la zone euro ou, à défaut, dans un groupe de pays "pionniers" dans lequel il aimerait au moins enrôler l'Allemagne et l'Italie.