Lagarde au FMI ? Le PS divisé

Les socialistes n'ont pas tous le même avis sur la candidature de Christine Lagarde au FMI.
Les socialistes n'ont pas tous le même avis sur la candidature de Christine Lagarde au FMI. © Reuters
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Caroline Vigoureux , modifié à
Martine Aubry a soutenu la candidature de la ministre. Mais d'autres socialistes sont sceptiques.

Depuis mercredi, Christine Lagarde aspire officiellement à prendre la place de Dominique Strauss-Kahn à la tête du FMI. La nouvelle divise le PS, qui a vu son ancien favori des sondages démissionner de ce poste il y a quelques jours, après avoir été inculpé de tentative de viol à New York.

"D’autres personnes compétentes"

Arnaud Montebourg a été l’un des premiers à dégainer mercredi. "Il existe d'autres candidats que Mme Lagarde pour diriger le FMI : des candidats plus soucieux des citoyens que des banquiers", a raillé sur son compte Twitter le candidat à la primaire socialiste.

Contacté par Europe1.fr, Stéphane Le Foll, bras droit de François Hollande, se montre lui aussi réservé. "Il y a d’autres personnes aussi compétentes avec des lignes politiques différentes", fait-il valoir. "Mais ce n’est pas quelqu’un qui n’a pas de compétences. Elle a passé quatre ans au ministère de l’Economie", concède le député socialiste.

Lagarde "n'a rien fait pour moraliser" les banques

Ce que reproche surtout les socialistes à la candidature de Christine Lagarde, c’est l’affaire Tapie, qui plane au dessus de la ministre. Christine Lagarde doit "clarifier son rôle" dans cette "étrange affaire", a estimé Ségolène Royal mercredi sur Europe 1. Autre "problème" selon la présidente de Poitou-Charentes, la ministre "n’a rien fait sur le plan national pour moraliser le système bancaire". "Ce qui est important, ce n'est pas d'être français ou pas français", a-t-elle conclu.

Le président PS de la commission des Finances, Jérôme Cahuzac, a déployé le même argumentaire : il a estimé sur Europe 1 que "les autorités françaises prennent un risque" en soutenant la candidature de Christine Lagarde au FMI. Il se place dans l'hypothèse où la ministre de l'Economie "aurait à répondre d'un certain nombre de faits" dans le cadre de l'affaire Tapie.

Même constat pour Jean-Marc Ayrault, chef de file des députés socialistes. "Elle est ministre, responsable dans le gouvernement du règlement de l'affaire Tapie", a-t-il accusé mercredi, en arrivant rue de Solférino. Et de résumer : "Mme Lagarde est une femme parfaitement respectable mais il s'agit de choix politiques, ce ne sont pas les nôtres".

Une candidature "légitime"

Pourtant, ce week-end, Martine Aubry avait soutenu la candidature de la ministre. "Ce serait bien que ce soit la France qui ait ce poste et je crois que madame Lagarde, au-delà des divergences que l'on peut avoir (...), est une femme respectable", avait déclaré la première secrétaire sur France 2. "Si l'Europe peut avoir ce poste et si une Française peut l'obtenir, je crois que ce serait une très bonne chose pour notre pays et pour l'Europe", avait-elle assuré.

De son côté, Jean-Marie Le Guen, proche de DSK, a choisi de suivre la voix de sa patronne. "L'intérêt général est de soutenir la candidature de Mme Lagarde", a-t-il affirmé mercredi devant des journalistes, dans les couloirs de l'Assemblée nationale. "Il est légitime de soutenir une candidature européenne, qui plus est française, à la tête du FMI", a argué le député.

Mais pour l’heure, rien n’est fait. Christine Lagarde va faire campagne sur tous les continents, notamment auprès dans les pays émergents, où elle devra convaincre de sa légitimité.