La Turquie inquiète après l'élection de Nicolas Sarkozy

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Administrator User , modifié à
Le Premier ministre turc a exprimé l'espoir que l'élection de Nicolas Sarkozy, qui a souvent dit son opposition à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne, ne portera pas atteinte aux relations bilatérales franco-turques. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a invité Nicolas Sarkozy à ne pas se précipiter sur ce dossier.

Mercredi soir lors du débat face à Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy a réitéré son opposition à l'entrée de la Turquie dans l'UE. "Quand bien même c'est un pays laïc, il est en Asie mineure", avait affirmé celui qui n'était encore que candidat. "Je n'expliquerai pas aux écoliers français que les frontières de l'Europe sont avec l'Irak et la Syrie. Quand on aura fait du Kurdistan un problème européen, on n'aura pas fait avancer les choses", avait-il ajouté. Ces propos provoque donc l'inquiétude en Turquie et tranche avec l'attitude de Jacques Chirac. Le Premier ministre turc a déclaré lundi à la presse que "dans le processus européen comme dans les relations franco-turques, son souhait est de ne pas voir les déclarations faites par M. Sarkozy durant la campagne électorale influer sur les relations bilatérales". "Nous allons maintenant voir comme il va agir", a ajouté Tayyip Erdogan. Certains commentateurs de la vie politique turque estiment que Nicolas Sarkozy pourrait faire évoluer sa position en faveur d'une adhésion. En attendant, le rêve européen a déjà commencé à s'estomper en Turquie depuis un certain temps, de nombreux Turcs le jugent désormais hors de portée. "On peut dire que la victoire de Sarkozy est un nouveau clou dans le cercueil (de la candidature turque). Ça va de mal en pis", estime Hasan Unal, de l'Université Bilkent d'Ankara, un eurosceptique avéré. "Mais l'UE est très impopulaire depuis maintenant plusieurs années (...). Elle ne cesse d'imposer de nouvelles exigences à la Turquie tout en indiquant qu'elle n'a pas l'intention de la laisser adhérer au club." La population turque elle-même semble moins enthousiasmée par cette candidature en raison d'une série de rappels à l'ordre sur Chypre, la liberté d'expression, le rôle de l'armée en politique et le génocide arménien de la Première guerre mondiale. La montée en puissance de Sarkozy, de la chancelière Angela Merkel et d'autres responsables politiques européens opposés à l'adhésion de la Turquie a elle aussi accentué la méfiance d'Ankara vis-à-vis de l'UE. Officiellement, le gouvernement du Premier ministre et l'UE sont toujours favorables à l'adhésion, à terme, de la Turquie, dont les négociations d'adhésion ont été lancées en 2005.