La guerre à droite, une série à succès

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Le clash entre Copé et Fillon est loin d’être une première à droite. Souvenirs, souvenirs.

Le psychodrame que connaît l’UMP entrera dans les livres d’histoire politique, au chapitre "affrontements au sein de la droite républicaine". Un chapitre qui devient de plus en plus volumineux. Europe1.fr vous rafraichit la mémoire.

1974,Jacques Chaban-Delmas contre Jacques Chirac

Le corps de Georges Pompidou est encore chaud que son Premier ministre annonce sa candidature à la présidentielle. Jacques Chirac, alors ministre de l’Intérieur, ne croit pas dans les chances de Jacques Chaban-Delmas, pourtant apprécié des Français et ardent défenseur du gaullisme. En pleine campagne, le jeune loup corrézien tente un coup de force en ralliant à son scepticisme 43 députés UDR (Union des démocrates pour la république), l’ancêtre du RPR.

Un putsch couronné de succès puisque quelques semaines plus tard, le maire de toujours de Bordeaux est battu par le centriste Valéry Giscard d'Estaing. Une fois à Matignon, Jacques Chirac s’évertuera à éliminer les derniers barons de gaullisme pour se dégager la place. Le début de son ascension politique, qui l’emmènera à l’Elysée 20 ans plus tard.

1974-1976, Jacques Chirac contre Valéry Giscard d'Estaing:

Pour le remercier de l’avoir soutenu dans sa campagne victorieuse, Valéry Giscard d'Estaing confie les clés de Matignon à Jacques Chirac. Très vite, les relations se dégradent entre les deux hommes, le président traitant directement avec les ministres sans en référer à l’hôte de Matignon. Au début de l’année 1976, Valéry Giscard d'Estaing décide d’un remaniement, avec lequel Jacques Chirac n’est pas d’accord.

Après la défaite de la droite aux cantonales, en mars, ce dernier réclame des élections anticipées. Les deux têtes de l’exécutif se retrouvent alors au fort de Brégançon pour accorder leurs violons. Ils n’y parviendront pas et Jacques Chirac décide de remettre sa démission. "Je ne dispose plus des moyens que j’estime nécessaires pour assumer efficacement les fonctions de Premier ministre", explique-t-il à la télévision, le 26 août 1976. Cinq ans plus tard, Jacques Chirac fera tout, dans les coulisses, pour faire perdre VGE face à François Mitterrand, et il y parviendra.  Giscard d'Estaing ne lui pardonnera jamais.

1993-1995, JacquesChirac contre Edouard Balladur

C’est certainement l’affrontement qui a laissé le plus de séquelles à droite. Aujourd’hui encore, le clivage entre balladuriens et chiraquiens perdure. Quand la gauche au pouvoir perd les élections législatives de 1993, François Mitterrand est contraint de confier le poste de Premier ministre à un membre du RPR. Pourtant chef de l’opposition, Jacques Chirac, qui garde un mauvais souvenir de sa cohabitation avec le président socialiste (1986-1988), pousse Edouard Balladur, "un ami de 30 ans" avec qui il n'y aura jamais de "concurrence", explique-t-il alors.

Mais voyant les sondages largement en sa faveur, Edouard Balladur déclare sa candidature en janvier 1995. La guerre est lancée et le RPR se divise alors en deux camps. Nicolas Sarkozy, qui a pris partie pour le Premier ministre, demande à Jacques Chirac de retirer sa candidature, ce qu’il refuse. Après une campagne réussie marquée par son désormais fameux "mangez des pommes", Jacques Chirac refait son retard et élimine son rival dès le premier tour, puis s’impose au second.

Dominique de Villepin contre Nicolas Sarkozy

Fidèle chiraquien, Dominique de Villepin déteste  cordialement le balladurien Nicolas Sarkozy qu’il surnomme affectueusement "le nain". Affaibli politiquement par la crise du Contrat première embauche (CPE) qui fait descendre des dizaines de milliers de Français dans la rue, l’ancien Premier ministre ne parvient pas à empêcher celui qui était son ministre de l’Intérieur de se lancer dans la présidentielle de 2007.

 L’affaire Clearstream cristallisera définitivement les relations tendues entre les deux hommes. Le clan Sarkozy accuse Dominique de Villepin d’être à la manœuvre, ce à quoi ce dernier répond que Sarkozy a "promis de [le] pendre à un croc de boucher". Après sa relax, confirmée en septembre 2011, Dominique de Villepin rêve de prendre sa revanche à la présidentielle de 2012. Avant de raccrocher les gants, faute de soutiens.