L'Elysée veut laisser Sarkozy "boxer dans le vide"

© Reuters
  • Copié
Fabienne Cosnay, Caroline Roux et David Doukhan , modifié à
LA RIPOSTE - La consigne a été donnée par François Hollande : ne surtout pas répondre aux provocations de l'ancien président.

Les accusations. Lors de son interview, mercredi soir, Nicolas Sarkozy n'a pas réglé ses comptes qu'avec les juges. L'ancien président a dénoncé "une instrumentalisation politique de la justice" et a affirmé, en prenant "les Français" à témoin: "Il y a des choses qui sont en train d'être organisées". Dans le viseur de l'ex-chef de l'Etat, François Hollande, Christiane Taubira et Manuel Valls accusés d'être intervenus dans le dossier des écoutes téléphoniques.

Une riposte calculée. François Hollande a regardé son rival à la présidentielle de 2012 depuis son bureau à l'Elysée. Manuel Valls a, lui, visionné l'interview un peu en décalé puisqu'il rentrait d'un déplacement à Clermont-Ferrand. Dans l'heure qui a suivi, l'Elysée a calé la ligne politique : ne surtout pas répondre aux provocations de Nicolas Sarkozy. La consigne a été passée dans la soirée aux membres du gouvernement et aux ténors de la majorité. Il faut se borner à rappeler les grands principes d’indépendance de la justice et de respect de la présomption d’innocence. Point barre.

Ne pas tomber dans le piège de Sarkozy. Une dérobade ? Bien au contraire. Une riposte politique calculée. "Il faut laisser Nicolas Sarkozy boxer dans le vide, il nous cherche, il ne faut surtout pas répondre à la provocation" explique un ministre. François Hollande et Manuel Valls ne veulent pas tomber dans le piège que leur tend Nicolas Sarkozy en dplacant les affaires sur le terrain politique. "Il faut le laisser dans son tête à tête avec la justice, le laisser s'empêtrer dans les sables mouvants judiciaires", abonde un proche de Manuel Valls.

En coulisses, on se lâche sur Sarko. Si la consigne officielle est de ne pas répliquer en "on", en "off", les commentaires fusent. "Sarkozy n’a vraiment pas changé, dans ses tics, cette façon de parler de ces 'deux dames" pour évoquer les juges, d’être agacé par les questions des journalistes", persifle un ministre. "Il fait ce qu’il fait de mieux, il cogne mais quand on éteint la télé, il n’y a plus rien", tacle un proche de Manuel Valls. Surtout, les accusations de Nicolas Sarkozy sur l'instrumentalisation de la justice ont choqué à l'Elysée. "Pour croire à ça, il faut vraiment être tordu !", confie t-on dans l'entourage de François Hollande. "Nicolas Sarkozy imagine peut-être que les méthodes n'ont pas changé depuis son époque", ironise un autre proche du président.

sur-le-meme-sujet-sujet_scalewidth_460_scalewidth_460

INTEGRALE - L'interview de Nicolas Sarkozy en texte et en vidéo

L'ESSENTIEL - Cinq choses à retenir de l’interview de Sarkozy

CONTRE-ATTAQUE - Nicolas Sarkozy se défend point par point

COULISSES - "Sarkozy coincé dans un ascenseur, pendant 25 minutes entre huit policiers"

AVENIR - Sarkozy et la présidence de l'UMP ? "J’aurai à décider fin août, début septembre"