L’affaire Woerth rebondit en Suisse

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Hélène Favier , modifié à
La presse helvète s’est emparée de l’affaire. Un journal évoque même la menace d’un "Genevagate".

Les allers-retours dans la capitale helvète de Florence Woerth, le financement de la campagne de 2007… Les banquiers suisses, si discrets de réputation, sont devenus bavards ces derniers jours. Dans leur collimateur : Eric Woerth, leur bête noire depuis l’automne 2009.

Les déclarations de banquiers se multipliant, le ministre du Travail pourrait prochainement être menacé par un "Genevagate", titre même la Tribune de Genève, vendredi.

L'origine d'une mésentente

En préambule, le quotidien suisse rappelle la pomme de discorde entre Woerth et les banquiers helvètes : le ministre les avait passablement irrités, lorsque, il y a quelques mois, il avait brandi la liste des 3.000 noms de citoyens français évadés fiscaux, volée par Hervé Falciani en 2009 chez HSBC.

Les voyages de madame Woerth

"Eric Woerth, qui avait fait de l’évasion fiscale sa priorité, nous a longtemps fustigés comme les ennemis numéro un. C’est lui aussi qui, avec Peer Steinbrück, alors ministre allemand de l’Economie, nous a conduits sur la liste grise de l’OCDE, celle des paradis fiscaux non coopératifs. Mais savez-vous qu’au même moment, sa femme Florence, l’une des gérantes de fortune de Liliane Bettencourt, était vue très souvent [dans le quartier financier de Genève]", révèle un banquier dans les colonnes du quotidien.

"Eric Woerth, durant ces deux dernières années, ne pouvait pas ignorer que sa femme se trouvait très régulièrement à Genève. Et que ce n’était certainement pas pour voir son Jet d’eau !", renchérit le financier.

Conflit d'intérêts

Ces déclarations ne devraient pas arranger Eric Woerth. Actuellement ministre du Travail, et trésorier national de l'UMP, il est soupçonné de conflit d'intérêts dans cette affaire, sa femme Florence Woerth ayant travaillé à la gestion de la fortune de la milliardaire. Liliane Bettencourt est, elle, soupçonnée d'évasion fiscale.

Depuis le début de la polémique, Eric Woerth a toujours soutenu que sa femme ignorait de quelconques manœuvres d’évasion fiscale de la part de Liliane Bettencourt.

La campagne de 2007

Enfin le quotidien rappelle qu’Eric Woerth connaît bien, lui aussi, la place financière suisse. Il s’y serait rendu en 2007 pour lever des fonds lors de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy.

A l’époque, "Eric Woerth ne cherchait pas alors à savoir si les chèques qu’on lui remettait étaient prélevés sur des comptes suisses non déclarés au fisc français", ironisait, en 2009, un banquier suisse dans le journal Matin Dimanche.