Karachi : le volet corruption relancé

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Europe1.fr (avec agences) , modifié à
Un juge va enquêter sur les rétro-commissions. Edouard Balladur pourrait avoir à s’expliquer.

C’est une première victoire pour les familles de victimes. Le juge d'instruction Renaud van Ruymbeke va mener une enquête sur des soupçons de corruption dans le cadre de l'affaire Karachi, du nom de l’attentat qui a coûté la vie à 14 personnes, dont 11 Français, le 8 mai 2002.

Contre l'avis du procureur, qui jugeait les faits prescrits, le magistrat a décidé mercredi de se saisir des investigations sur le versement de quelque 84 millions d'euros de commissions destinées à des officiels pakistanais, en marge d'une vente de sous-marins français au Pakistan en 1994. Divers renseignements laissent penser que l'armée pakistanaise aurait commandité l'attentat en représailles du non versement d'un reliquat des commissions par la France.

La campagne de Balladur passée au crible

Par le biais de ces rétro-commissions, cet argent pourrait avoir servi à financer la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995. En avril, Libération avait révélé l'existence d'un versement de dix millions de francs sur le compte de l’ancien Premier ministre, provenant, toujours selon le quotidien, de possibles rétro-commissions. Des informations toujours démenties par Edouard Balladur.

Par ailleurs, l'ordonnance du juge Renaud van Ruymbeke fait référence au financement de la campagne d'Edouard Balladur, en 1995. Les rapporteurs du Conseil constitutionnel avaient préconisé le rejet de ses comptes de campagne en raison de "versements en espèces non justifiés". Mais ils n'avaient pas été suivis par le Conseil lui-même, ce dernier ayant finalement validé les comptes du candidat.

Edouard Balladur avait expliqué au Conseil constitutionnel que cet argent provenait de la "vente de gadgets et de t-shirts", précise l’ordonnance du juge d’instruction. Une défense jugée peu crédible par les rapporteurs du Conseil, qui relevaient 22 dépôts en espèces en mars et avril 1995, dont un de plus de 10 millions de francs le 26 avril 1995.