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R.Da. , modifié à
Pour le député de l'Essonne, l'ex-ministre de l'Economie s'est laissé "emporter" par sa popularité et ses ambitions présidentielles.
INTERVIEW

Emmanuel Macron a-t-il eu raison de quitter le gouvernement pour tenter sa propre aventure politique ? "Non", répond Julien Dray, député de l’Essonne et proche de François Hollande. "Je pense que c’est une erreur. Et c’est dommage pour lui, parce qu’il avait toutes les chances d’être différent des autres, de ne pas être phagocyté, emporté par le star system", a-t-il commenté vendredi au micro de la matinale d’Europe 1.

"Il ne pensait qu’à la présidentielle." "Il fait un bon parcours de ministre au départ, il a montré qu’il pouvait être différent, et finalement il s’est banalisé", déplore celui qui fut l’un des mentors de l’ambitieux ex-ministre de l’Economie. "Il ne pensait qu’à la présidentielle. On s’en est rendu compte, on lui a demandé", raconte Julien Dray qui avait pourtant "pris le pari", en juillet sur le plateau de LCI, d'une non-candidature d'Emmanuel Macron. "Il faut effectivement qu'Emmanuel Macron, qui [...] est un des ministres qui comptent - soit partie prenante", déclarait alors le conseiller d'Île-de-France.

Entendu sur europe1 :
Il n’y a pas d’aventure individuelle

"Il n’était jamais là". Julien Dray estime aujourd'hui que le désormais presque candidat à l’élection présidentielle n'a jamais voulu jouer le jeu de la cohésion gouvernementale : "Je lui ai demandé, il y a quelques mois, d’être en première ligne des batailles, et il n’était jamais là". "Le pays est face à des dangers réels, il est en guerre, ça n’est pas une banalité, et dans ces cas-là on ne déserte pas", martèle-t-il. "Je pense qu’il n’y a pas d’aventure individuelle. La tristesse dans cette affaire, c’est que celui qui pouvait être différent à été comme les autres, fasciné par lui-même".

La primaire de la gauche... Pour Julien Dray, la démission d'Emmanuel Macron est le symptôme d'une crise politique qui est d'abord une crise des ambitions. "Le problème, ça n’est pas Macron, c’est ce qui se passe avec toutes ces personnalités de gauche et de droite qui sont obnubilées par la présidentielle. Elle les rend fou !", estime le député, raillant surtout la multiplication des candidatures au sein du camp socialiste. "Tous ces candidats sont près a être candidats à la présidence mais pas à la primaire, ça veut dire qu’ils sont prêts à convaincre le pays, mais ils pensent que le peuple de gauche, qui au départ est leur socle, ils ne sont pas prêts à le convaincre", raille-t-il.

... un sujet sensible. Le député du Finistère Richard Ferrand, proche d'Emmanuel Macron, avait indiqué au micro d'Europe 1 qu'Emmanuel Macron "n'approuv[ait] pas" le système de la primaire. De son côté Laurent Baumel, député d'Indre-et-Loire et soutien d'Arnaud Montebourg, avait annoncé, toujours au micro d'Europe 1, que le chantre du made in France et candidat à la présidence de la République pourrait passer outre la primaire si les conditions d'un scrutin largement ouvert aux sympathisants n'étaient pas respectées. Enfin, les écologistes ont choisi d'organiser leur propre scrutin.

Respecter le calendrier. Alors que se multiplient les annonces à gauche, Didier Guillaume et Bruno Le Roux, les présidents de groupes PS du Sénat et de l’Assemblée, envisagent de lancer un appel de parlementaires à la candidature de François Hollande. Une initiative qui laisse sceptique en haut-lieu. Pour Julien Dray, François Hollande ne doit pas précipiter une éventuelle annonce de candidature à sa succession : "Il est président de la République, il doit aller jusqu’au bout. On va mettre la France en campagne pendant huit mois ?", interroge-t-il. "Il y a un calendrier, il s’est donné des dates, il doit s’y tenir."