"Jean-Luc Mélenchon est prisonnier de ses coups d’éclats permanents"

© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
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Michaël Darmon, édité par Romain David
La réaction de Jean-Luc Mélenchon au moment de la perquisition à son domicile et dans les locaux de la France insoumise illustre l'impasse dans laquelle se trouve le leader d'opposition, selon Michaël Darmon, éditorialiste à Europe 1.

Un violent coup de gueule et de nombreuses réactions. Mardi, Jean-Luc Mélenchon est apparu dans plusieurs vidéos, lors de perquisitions menées à son domicile et au siège parisien de La France insoumise. Dans la première, le tribun, que se filmait lui-même, assure qu'il ne se "laisser[a] pas faire". Dans la seconde, enregistrée par les équipes de Quotidien sur TMC, le député des Bouches-du-Rhône et ses fidèles tentent d'enfoncer les portes du local de LFI alors que les forces de l'ordre leur en interdisent l'accès. Puis Jean-Luc Mélenchon s'en prend vivement au procureur qui mène ces perquisitions, effectués dans le cadre de deux enquêtes préliminaires, l'une concernant les comptes de la campagne présidentielle, l'autre sur les emplois fictifs présumés au Parlement européen.

Pour Michaël Darmon, cette séquence, largement médiatisée, met en lumière les difficultés du leader de la France Insoumise :

"Jean-Luc Mélenchon, l'homme des coups d’éclat permanent, joue désormais sa survie politique. L’érudit éructant a bien du mal à négocier le virage imposé par ses troupes qui le contestent régulièrement. Dernier incident en date : le député de Marseille s’est publiquement accroché avec la députée Clémentine Autain au sujet de la question des migrants. Depuis que l'élu fait peu mystère de son envie d'être candidat à la mairie de Marseille, ses positions sont à géographie variable : ferme sur les questions de sécurité dans la cité phocéenne, mais critique vis-à-vis du gouvernement à Paris. Et maintenant son dernier show : Pas touche à mes privilèges. 

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Choc des générations. Depuis le début de la législature, le groupe des députés insoumis est régulièrement traversé par des tensions plus ou moins assumées mais qui existent bel et bien. On se souvient de François Ruffin qui avait critiqué la stratégie de la guérilla du début de mandat en disant : "nous ne sommes pas prêts à gouverner". Il s’était opposé en coulisses à Jean-Luc Mélenchon lors de la grande manifestation dite de 'la marée humaine' le 26 mai, en fait une vaguelette. Tandis qu’une une nouvelle génération de cadres dans La France insoumise travaille et essaye d’installer une crédibilité d’élus d’opposition, Jean-Luc Mélenchon reste bloqué sur une lecture des rapports de force historiques entre le Parti socialiste et l’extrême gauche. 

Un opposant impressionnable. Il est perçu régulièrement comme le meilleur opposant à Emmanuel Macron. En vérité, il est plutôt son meilleur imprésario ! Souvenez-vous de la rencontre récente entre les deux hommes, sur le Vieux-Port de Marseille. Après avoir qualifié le président de "grand xénophobe", il a battu en retraite devant lui en parlant d’exagération marseillaise. En fait, le pouvoir l’impressionne.

De l'art du détournement. Le jour des perquisitions, en bon trotskyste qui a tous ses réflexes d’antan, il utilise une technique classique : la violence de la réaction a fait diversion. Et ça marche ! On ne parle que de l’incident, beaucoup moins de la procédure en cours. Jean-Luc Mélenchon se moque du qu’en-dira-t-on et encore moins de l’avis des députés insoumis, soumis à son dernier spectacle, sorte de baroud d’honneur pour ressouder son électorat. 

Jean-Luc Mélenchon est trop intelligent pour faire fi de cette réalité qui le terrorise. Il est prisonnier de ses coups d’éclats permanents. Il a mené des meeting en projetant son image virtuelle. Aujourd’hui, il est en passe de devenir un hologramme politique."