Jean-Louis Borloo dénonce la vision de la société "dangereuse" d'Emmanuel Macron

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Europe1.fr avec AFP , modifié à
Visiblement agacé de ne pas avoir été écouté sur les banlieues par Emmanuel Macron, Jean-Louis Borloo s'en est directement pris au chef de l'État et à sa manière d'exercer le pouvoir.

L'ex-ministre Jean-Louis Borloo a éreinté mercredi soir "la vision de la société", "inefficace et dangereuse", d'Emmanuel Macron et du gouvernement.

Une "monarchie". Jean-Louis Borloo, auquel le chef de l'État avait commandé un rapport sur les banlieues qu'il n'a finalement pas utilisé, s'est montré très critique mercredi soir lors d'une réunion publique à Valenciennes. "Moi, mon sentiment c'est qu'on est en train de remplacer le vieux monde des solidarités par le jeune monde des abandons de ceux qui ont besoin de la solidarité", a notamment regretté Jean-Louis Borloo dans son intervention, d'abord diffusée sur RTL jeudi matin. "En d'autres termes, si on parlait cuisine, il faut faire attention que notre pays ne se retrouve pas dans la situation culinaire désagréable où le gratin se sépare des nouilles", a-t-il lancé.

"Ça n'a jamais fait un grand plat", a-t-il ajouté. "C'est le problème d'une monarchie qui en fait n'a plus de moyens, et ce qui me dérange, c'est que les quelques moyens qu'elle a, elle a décidé d'arbitrer pour permettre à ceux qui courent le plus vite de courir de plus en plus vite", a fustigé Jean-Louis Borloo. "Cette vision de la société, je la trouve inefficace et dangereuse".

Repris de volée par le chef de LREM. Christophe Castaner, ministre des Relations avec le Parlement, a répondu, sur LCI : "Il a certainement de l'expérience pour commenter, mais ça m'interroge". "Je ne le savais pas critique gastronomique". "Ceux qui sont aux responsabilités depuis 30 ans sont-ils les mieux placés pour nous expliquer ce qu'ils n'ont pas fait et que nous devrions faire ?", a ajouté le délégué général de La République en Marche. 

Un double discours. Jean-Louis Borloo avait remis fin avril au gouvernement un rapport pour améliorer la vie dans les quartiers en difficultés. Nombre de commentateurs, associations et élus, estimaient que le rapport avait été enterré. L'ancien ministre avait jusque-là assuré n'avoir "aucun problème" avec Emmanuel Macron, estimant que "le président de la République est souverain" lorsqu'il commande un rapport et que son auteur n'a pas à "faire des commentaires". Christophe Castaner a dénoncé jeudi matin le double discours de Jean-Louis Borloo, qui ne dirait "pas la même chose à un moment et à un autre". "Je pense que la politique est morte de ces réalités-là", de la différence entre "un discours officiel et le reste du temps, du 'bullshit'" a lâché le secrétaire d'État chargé des Relations avec le Parlement, qui s'est déclaré "pour la cohérence en politique".