Élisabeth Borne juge injustifiées les critiques venant notamment de ses alliés LR contre les 44 ans de cotisations. 1:46
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Arthur de Laborde, édité par Gauthier Delomez , modifié à
Malgré une manifestation d'ampleur contre la réforme des retraites jeudi, et alors que l’intersyndicale appelle à une nouvelle mobilisation le mardi 31 janvier, Matignon ne compte pas bouger sur les grandes lignes du projet du gouvernement.

Pas question de toucher à l’âge de départ à 64 ans, mesure phare de la réforme des retraites au lendemain d'une manifestation d'ampleur contre le projet du gouvernement. La Première ministre Élisabeth Borne n’entend pas non plus faire de concessions sur deux points qui suscitent pourtant des tiraillements au sein même de la majorité. D’abord, la question des 1.200 euros pour la retraite minimale. Certains marcheurs réclament du net mais ce sera bien du brut. L’entourage d’Élisabeth Borne explique qu’en réalité, cela ne changera pas grand chose pour ceux qui sont concernés puisque la CSG est le seul prélèvement obligatoire auquel ils seront soumis, ce qui représente à peine 1 ou 2% de la pension.

"Tous ceux qui sont contre la réforme peuvent aller expliquer à leurs parents qui perçoivent la retraite minimale que la hausse des pensions de 100 euros, c’est non !", insiste-t-il.

44 ans de cotisations pour les carrières longues

Matignon n’envisage pas non plus d’évolution sur les carrières longues. L'entourage d'Élisabeth Borne juge injustifiées les critiques venant notamment de ses alliés des Républicains contre les fameux 44 ans de cotisations pour ceux qui ont commencé à travailler très jeune. Ils devront bien cotiser une année de plus que les 43 annuités annoncées, mais ils pourront partir quatre ans avant l’âge légal, précise un proche de la Première ministre. "On n’a jamais mis au point un système carrière longue aussi généreux", ajoute-t-il.

Des négociations sont encore envisageables lors du débat parlementaire sur quelques points, notamment les droits familiaux, les pensions de reversions et l’emploi des seniors. En revanche, "rien ne pourra modifier l’équilibre budgétaire du texte", qui promet que "le texte vivra à l’Assemblée". Il rappelle aussi que de nombreuses propositions des partenaires sociaux ont été reprises comme le passage de 65 à 64 ans ou la pension minimale pour les futurs retraités mais aussi les actuels.

L’arme fatale du 47-1 plutôt que le 49-3

S’agissant de la méthode, "Élisabeth Borne cherche toutes les voies pour ne pas recourir au 49-3 mais à la fin, il faudra quoi qu’il arrive que le texte soit adopté", confie un proche, qui précise que pour limiter le temps de débat parlementaire, le recours à l’article 47-1 est une vraie option. Critiquée pour son caractère antidémocratique, cette procédure n’a jamais été utilisée depuis la création de la Constitution. "Si le Parlement ne s’est pas prononcé dans un délai de 50 jours, les dispositions du projet peuvent être mises en œuvre par ordonnance", précise la norme suprême.

À la différence du 49-3, l’utilisation de l’article 47-1 ne peut pas être contestée par une motion de censure. "Le débat se déroule dans des conditions que l’on n’a jamais eu à l’Assemblée. Ça oblige à aller au bout de toutes les possibilités de la Constitution", explique l’entourage d’Élisabeth Borne.

Pour inverser la tendance dans l’opinion, la cheffe du gouvernement mise sur la pédagogie. "Le chemin est encore long. On ne va pas se mettre fébrilement à changer des choses maintenant. "Mais il faut expliquer aux Français que si on n’est pas capable d’aller au terme de ce projet, nous ne pourrons pas sauver notre système par répartition", insiste l’entourage de la Première ministre.