Hollande veut reprendre la main sur les questions identitaires

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Louis Hausalter , modifié à
STRATÉGIE - Le chef de l'Etat n'hésite plus à parler des thèmes chers aux extrêmes. Une réponse directe à la montée du Front national.

"Ne rien tolérer, ne rien accepter" : c'est le nouveau credo de François Hollande face à l'extrême droite. Le président l'a encore martelé, lundi sur France Inter. Alors qu'on lui demandait s'il y avait une crise identitaire en France, il n'a pas hésité : "oui, et depuis longtemps. Oui, et elle est grave". Pour Hollande, "l'environnement est menaçant", et "il faut donc avoir les nerfs solides, la pensée ferme et une forme de conviction républicaine".

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Répondre au FN. Le discours est nouveau dans la bouche d'un François Hollande habituellement peu présent sur ces questions. L'ex-magistrat à la Cour des comptes - et ancien conseiller économique de François Mitterrand - a toujours montré bien plus d'appétence pour la fiscalité ou l'emploi que pour l'immigration ou le fait religieux. Mais la percée électorale du Front national l'a poussé à s'attaquer à ce qu'il appelle les "vents mauvais" qui "veulent détruire ce que nous sommes". "La littérature en est pleine, encore aujourd'hui", a-t-il remarqué lundi. Allusion claire au succès du dernier livre d'Eric Zemmour, mais aussi à la sortie cette semaine du nouvel ouvrage de Michel Houellebecq, Soumission, qui dépeint une France dirigée par le chef d'un parti musulman.

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"L'idée, c'est de répondre aux extrêmes sur le terrain des idées, à la fois par l'histoire et par l'action au quotidien", explique-t-on à l'Elysée, où l'on désigne clairement l'adversaire numéro 1 : le FN. Mais sur ces sables mouvants, le vocabulaire est soigneusement choisi. Pas question d'utiliser le terme d'"identité nationale", un temps cher à Nicolas Sarkozy. "A droite, on parle d'identité. Lui parle tout simplement de la France, de la République", insiste l'Elysée.

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Fustiger les discours de "peur" face aux "menaces". L'inauguration du musée de l'immigration, le 15 décembre, a donné le coup d'envoi de cette séquence. François Hollande y fustigeait les discours de "peur" et ceux "qui rêvent d'une France en petit, une France en dépit, une France en repli". Ses vœux du 31 décembre ont été l'occasion d'en rajouter une couche. "La France n'est pas une nostalgie, c'est une espérance", a proclamé le président, appelant les Français à se rassembler "devant les menaces qui montent et inquiètent", comme "le terrorisme, le communautarisme, le fondamentalisme". Lundi, il a exhorté la gauche à être "forte moralement" face à l'extrême droite.

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Chez l'adversaire désigné, le FN, on a constaté l'évolution du discours. "Il en parle un peu plus, même si ce n'est pas assourdissant", estime Florian Philippot, vice-président du parti, contacté par Europe 1. "Plus on aborde les sujets réels, qui travaillent la société française, mieux c'est", se satisfait l'eurodéputé. "Mais quand il parle de l'identité, c'est pour mieux la détruire". Pour Florian Philippot, la stratégie de François Hollande ne fait aucun doute : "il a très bien compris que son adversaire, c'était le FN".

Déplacement à Auschwitz. Alors que 2015 sera l'année de tous les dangers pour la gauche, menacée par les élections départementales et régionales, François Hollande compte bien poursuivre sur sa lancée. Ça tombe bien, le mois de janvier, marqué par les nombreux vœux du nouvel an, sera parsemé de prises de parole présidentielles. Les vœux aux autorités religieuses, mercredi, fourniront une nouvelle occasion d'exhorter à ne pas se laisser "dévorer par la peur, l'angoisse", comme il l'a dit lundi. Tout comme un déplacement prévu en Pologne, le 27 janvier, pour commémorer le 70e anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz.

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