Hollande inquiète certains riches

Les agents immobiliers spécialisés dans le haut de gamme à l'étranger sentent un mouvement fepuis plusieurs semaines.
Les agents immobiliers spécialisés dans le haut de gamme à l'étranger sentent un mouvement fepuis plusieurs semaines. © Reuters
  • Copié
et Walid Berrissoul , modifié à
ENQUÊTE - De gros comptes en banque envisagent leur départ en cas de victoire du PS.

François Hollande favori des sondages, ça ne plaît forcément pas à tout le monde. Certains envisagent même tout bonnement l’exil fiscal en cas de victoire du candidat socialiste à l’élection présidentielle. "Ceux qui ne sont pas partis à cause de l'ISF, le feront si Hollande passe", a prophétisé mercredi l'industriel Serge Dassault, sénateur UMP, lors d'un colloque du parti majoritaire sur les délocalisations.

"Quelque chose qu’on n’entendait plus"

Et de fait, certains agents immobiliers haut de gamme sentent un vrai mouvement ces dernières semaines, vers la Suisse, la Belgique, l'Italie où même les Etats-Unis.

C’est le cas d’Eric Vincent. D’habitude, l’homme parle immobilier avec ses clients. Mais depuis plusieurs semaines, la politique s’est invitée dans leurs dialogues. "Ils nous disent : ‘voilà, si la gauche passe, on quitte la France’", témoigne pour Europe 1 l’agent, qui a vendu par le passé des propriétés à des dirigeants de grandes entreprises, des avocats d’affaire ou des stars du show-business. "Ils sont angoissés parce qu’ils sont prêts à payer certes, mais pas à ce qu’on les ‘dépouille’, comme ils disent. C’était quelque chose qu’on n’entendait plus depuis quelques années, et qui revient régulièrement dans le discours de nos clients."

"Si en plus ils peuvent payer moins d’impôts"

D’autres font estimer leurs biens en France et ont déjà commencé à prospecter à l’étranger, là où l’ISF n’existe pas. Comme en Belgique. "J’en ai deux ou trois par semaine", explique Hélène Van de Velde, agent immobilier de luxe à Bruxelles. "Ils me téléphonent pour prendre tous les renseignements, et même parfois pour visiter un bien qui éventuellement les intéresse", poursuit-elle.

Le phénomène existe aussi en Suisse. "Les gens qui s’installent ici disent généralement que l’impôt sur la fortune est en fait une invitation à sortir de France", raconte l’agent immobilier Frédéric Queneau, qui a reçu plusieurs familles françaises. "Le gens viennent chercher ici une qualité de vie, mais si en plus ils peuvent payer moins d’impôts, forcément tout le monde est content", assure-t-il.

 Par ailleurs, ces dernières semaines, les demandes auprès des avocats fiscalistes ont explosé. Leurs carnets de rendez-vous sont plein de candidats à l’expatriation en Suisse, témoignent-ils.