Hollande et Valls tirent leur épingle du jeu

Primaire PS : un débat sans coup d'éclat
Primaire PS : un débat sans coup d'éclat © REUTERS
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Hélène Favier , modifié à
Voici le premier débat de la primaire socialiste résumé en cinq minutes chrono’.

Après des semaines d’attente, les six candidats à la primaire PS se sont enfin confrontés sur le même plateau télé, jeudi soir sur France 2. Mais, ultra-calibrée, la rencontre n’a laissé aucune place aux coups d'éclats de la part des candidats. Retour chronométré sur cette première manche aseptisée .

Une ambiance empesée - Egalité exacte de temps de parole sur chaque sujet, interventions à tour de rôle, passage selon un ordre tiré au sort devant huissier : l'exercice était à ce point contraint qu'aucun candidat ne s'est risqué à égratigner ses concurrents. Pour preuve : à la question "quel est, selon vous, le meilleur candidat ?", Manuel Valls a répondu "tout naturellement" : "le meilleur candidat, c'est celui qui sortira des primaires". "Il y a beaucoup de bons profils autour de la table", a ajouté tout aussi poliment Martine Aubry, approuvée sur ce point par François Hollande. Bref, les candidats se sont montrés très consensuels, jeudi soir. Très (trop?) policé donc, le débat n’a laissé place aux échanges que dans les dix dernières minutes de l’émission.

AU MENU : CRISE ET NUCLEAIRE

Crise et nucléaire : ce qu'il fallait retenir sur le fond - La crise, la dette et le nucléaire ont été les trois principaux thèmes abordés. Pour résoudre le déficit et "la dette en relançant l'activité économique", Ségolène Royal a proposé une réforme des banques. "Leur premier métier, c'est de financer l'économie réelle pas de spéculer sur la dette des Etats. L'Etat rentrera au capital des banques s'il vient renflouer les banques", a-t-elle promis. Arnaud Montebourg a lui proposé le partage des profits des entreprises, le blocage des loyers et le versement d'allocations familiales dès le premier enfant afin de défendre le pouvoir d'achat.

Sur le thème du nucléaire, Aubry et Hollande se sont opposés plus directement. "Moi je suis claire", a lancé Martine Aubry à François Hollande, qui la pressait de préciser la part du nucléaire qu'elle envisageait en 2025. Elle a finalement estimé qu'elle aussi était d'accord pour la passer de 75 à 50% (aujourd'hui l'électricité produite en France est pour 75% d'origine nucléaire). "Ce n'est pas parce que nos courbes se croisent que nous sommes d'accord", a pourtant insisté l'ex-Première secrétaire. La maire de Lille a prôné de son côté, non pas la réduction, mais "la sortie du nucléaire", sans préciser de date.

HOLLANDE ET VALLS REMPORTENT LA MANCHE

Un rapport de force favorable à Hollande - Les deux grands gagnants du débat sont au final François Hollande et Manuel Valls. L'élu de Corrèze, en tête dans les sondages, avait tout intérêt à ne pas "passer à l'attaque" dans ce débat. C'est pourtant lui qui est allé chercher les autres candidats sur la question du nucléaire, qu'il avait visiblement l'intention de mettre à l'ordre du jour. Il a ainsi montré qu'il avait de l'autorité, tout en restant authentique. Il en avait moins à faire que les autres : mais son contrat est bel et bien rempli. En somme, "très à l'aise médiatiquement", il est sorti "gagnant" du débat, estime le politologue du Cevipof Gérard Grunberg.

Valls, qui ne décolle pourtant pas dans les sondages, a, quant à lui, "explosé" dans la seconde partie de l'émission, se montrant dynamique, authentique à une ligne qu'il a fixée depuis longtemps. Il a été "remarquable dans sa force de conviction, dans le courage de ses thèses",  estime également Gérard Grunberg.

Martine Aubry et Ségolène Royal, elles, ont "fait le job". Mais à la traîne dans les sondages, elles avaient besoin d'un coup d'éclat pour se relancer. Or, la présidente de Poitou-Charentes n'est pas sortie du lot. Elle est même apparue distancée, tandis que Martine Aubry - qui s'est pourtant affichée comme la principale adversaire de Hollande - a eu du mal à synthétiser "sa vision". Elle "n'a pas été mauvaise", mais elle s'est montrée "un peu trop technique", assène le politologue.

Enfin, Arnaud Montebourg qui avait bien commencé le débat est apparu fade dans un second temps et le radical Jean-Michel Baylet a juste rempli son objectif : se faire connaître.