Novotel et RER : la campagne low cost d'Hervé Mariton

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Louis Hausalter , modifié à
REPORTAGE - Le député de la Drôme fait campagne pour la présidence de l'UMP face à Nicolas Sarkozy et Bruno Le Maire. Avec les moyens du bord.

On a connu QG de campagne plus vaste. C'est depuis son petit bureau, au rez-de-chaussée de l'Assemblée nationale, qu'Hervé Mariton pilote les opérations. Le député-maire de Crest, dans la Drôme, brigue la présidence de l'UMP. Il affrontera le 29 novembre son collègue Bruno Le Maire et surtout l'ancien président Nicolas Sarkozy. Autant dire que sur le ring estampillé UMP, il fait figure de poids plume.

Pourtant, depuis sa déclaration de candidature, en juin dernier, Hervé Mariton s'accroche. L'homme enchaîne les réunions publiques, répond à tous les médias qui se présentent, tout en gardant un œil sur le travail parlementaire. Et fait campagne avec les moyens du bord.

>> Europe1.fr a passé une journée avec Hervé Mariton, le candidat "normal" de l'UMP :

Comme tous les mardis, Hervé Mariton est à l'Assemblée nationale. "Evidemment, ma campagne a un impact sur la façon dont je m'organise", admet-il. "Je passe moins de temps en circonscription. Mais je poursuis naturellement mon travail parlementaire". La preuve : ce matin, Hervé Mariton se rend aux réunions hebdomadaires des députés UMP, qui se tiennent à huis clos.

Pendant ce temps, son collaborateur parlementaire répond aux coups de fil, fixe les rendez-vous, envoie les newsletters. Il est le seul permanent employé par Hervé Mariton à l'Assemblée. Le député dispose de deux autres collaborateurs dans son fief. "Mais ils ne sont pas tous sur le front de la campagne", précise-t-il. "L'essentiel repose sur des bénévoles". Et notamment des stagiaires qui, installés dans un couloir, bricolent les visuels de communication et mettent à jour le site internet.

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"Le Novotel est moins cher..." Midi. Hervé Mariton revient à son bureau. Il lui faut préparer sa réunion publique de Lyon, la semaine prochaine. Au téléphone, le candidat tergiverse sur le meilleur lieu : "Mireille disait que le Novotel était moins cher…" La campagne est en mode low cost. Surendettée, l'UMP ne donne pas un sou aux trois candidats. "Notre budget tourne autour de 30.000 euros. C'est dix fois moins que mes concurrents", affirme Mariton. Des fonds provenant uniquement de dons à son micro-parti, assure-t-il.

Un journaliste de la Voix du Nord a rendez-vous pour une interview. Pendant trois quarts d'heure, Hervé Mariton explique pourquoi il est le meilleur pour l'UMP. Glisse des petites piques à ses adversaires. Confirme qu'il n'est pas catholique, mais juif, "pas très pratiquant". Son langage est châtié. "Je fais parfois des phrases un peu longues, je suis conscient de cette faiblesse", concède-t-il. L'homme aime aussi sortir parfois de la politique, parler patrimoine et culture. "Cette campagne m'a fait visiter la France. Par exemple, je ne connaissais pas la collégiale de Thann, en Alsace. Splendide".

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Déplacement en RER. C'est l'heure du déjeuner. Hervé Mariton se dirige, seul, vers la buvette des députés. Il reviendra rapidement se mettre au travail : à 16 heures, il prend la parole en séance, en tant que porte-parole UMP de la commission des finances. A la tribune, devant un hémicycle dépeuplé, le député fustigera le budget 2015, "un constat d'échec". Un baroud d'honneur : sans surprise, le texte sera adopté.

17h30. Accompagné de l'un de ses assistants, Hervé Mariton empoigne un sac empli de ses tracts, imprimés en noir et blanc. Direction Montévrain, une ville de 10.000 habitants en Seine-et-Marne, près de Disneyland, où il tient une réunion publique. Une de plus. "J'en suis à plus de 110", proclame-t-il fièrement. Le déplacement aura lieu en RER, serré entre la porte et les passagers rentrant du travail.

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"Jeunes gens". La réunion publique a lieu dans une brasserie faiblement éclairée. "J'avais invité les trois candidats. Nicolas Sarkozy et Bruno Le Maire n'ont pas pu, mais Hervé a eu la gentillesse de venir", explique le maire UMP de Montévrain. "Allons-y, jeunes gens", lance ensuite Hervé Mariton. Tant pis si l'assistance est surtout composée de quinquagénaires ! Il y a là une vingtaine de personnes. Surtout des élus locaux de l'UMP, constatera-t-on après la réunion. Beaucoup soutiennent Nicolas Sarkozy. Mais ils sont venus écouter Mariton, presque par politesse. "On apprécie qu'il vienne à nous, c'est le seul", remarque Jocelyne.

Pendant une longue demi-heure, Hervé Mariton parle. De l'UMP, des comptes mal gérés, des mails d'information "qui arrivent parfois en spam". Mais aussi de l'"angoisse du déclassement", du droit du sang, de la fiscalité. Pas un mot de la loi Taubira, simplement le rappel de son "engagement pour la famille". "Ma position sur le sujet est connue, les gens viennent pour entendre autre chose", justifiera-t-il. Ce polytechnicien le martèle : il veut être "l'ingénieur de la piste d'envol" qui doit conduire le candidat de l'UMP à la victoire en 2017.

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"Hypothèse heureuse". L'objectif secret d'Hervé Mariton, c'est un score à deux chiffres. Mais ça, il ne le dira jamais en public. "L'hypothèse heureuse, c'est que je gagne. L'hypothèse moins heureuse, c'est que je ne gagne pas", balaie-t-il. Dans cette éventualité "dégradée", comme il l'appelle, il vise "le score le plus élevé possible, afin de peser ensuite sur la future organisation du parti et sur le projet".

La réunion publique prend fin. Hervé Mariton doit filer, il est invité sur Public Sénat à 22 heures. Les journées sont longues. Prendra-t-il le temps de se reposer après la campagne ? "Non, l'agenda de décembre sera chargé, il faudra s'atteler à la réorganisation de l'UMP", répond-il, le plus sérieusement du monde. Les gens rient. Pas lui.

>> EN VIDEO - Une journée avec Hervé Mariton :

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