Guéant, le ministre "qui murmurait à l’oreille du FN"

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avec Cyril Graziani et agences , modifié à
Les réactions se multiplient après les nouvelles déclarations polémiques de Claude Guéant.

C’est presque devenu une habitude. Le ministre de l’Intérieur Claude Guéant fait une déclaration choc, l’opposition s’emballe. Jeudi, Martine Aubry est une nouvelle fois montée au créneau demandant à Claude Guéant de faire "son boulot au lieu de diviser les Français", après les nouvelles déclarations du ministre de l'Intérieur estimant que les usagers de certains services publics ne devaient "pas porter de signes religieux".

"Au lieu d'essayer de gagner des voix sur l'extrême droite, je lui demande qu'il fasse son boulot, qu'il mette des policiers là où on en a besoin, qu'il fasse respecter les règles de la République", a poursuivi la Première secrétaire du PS.

"Contraire à toute la tradition de la République"

"Sa capacité à être ministre est mise en cause", a estimé, de son côté, le député socialiste des Hautes-Pyrénées Jean Glavany. "On va interdire à un prêtre en soutane de prendre le métro ou à un juif avec une kippa de prendre le train ?", ironise le député. "C’est ridicule et contraire à toute la tradition de la République".

"L'UMP est dans un délire maladif, une sorte d'obsession chronique sur ces questions, qui mènent le ministre de l'Intérieur à raconter n'importe quoi", a asséné le secrétaire national PS aux services publics Razzy Hammadi.

Même tonalité pour Jean-Marc Ayrault. "En devenant ministre de l’Intérieur, Claude Guéant est devenu l’acteur d’un mauvais film : le ministre qui murmurait à l’oreille du FN (…) Durant combien de temps encore, l’ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy va-t-il multiplier les petites phrases ?", s’est interrogé le chef de file des socialistes à l’Assemblée.

"Personne n’est dupe"

"Ils essaient de réparer les pots cassés entre les deux tours, en essayant de faire croire que dans le fond, sinon M. Sarkozy, M. Guéant au moins, qui est son bras-droit, dit des choses que M. Sarkozy ne peut pas dire. Je crois que personne n'est dupe", a ironisé l'ancien président du Front national, Jean-Marie Le Pen, tout en jugeant les propos du ministre de l’Intérieur "raisonnables".

Marine Le Pen lui a emboîté le pas, précisant que Claude Guéant fera "une croisade sans nous" :

Après avoir dénoncé l'emploi du mot "croisade", le président du MoDem François Bayrou a prôné l'arrêt "des dérapages dangereux". "Il faut que le gouvernement se ressaisisse, il faut que quelqu'un dise que le retour au calme s'impose. On ne va pas continuer à traiter du destin de la société française en cultivant une obsession anti-musulmane", a déclaré sur RTL François Bayrou, réagissant aux déclarations du ministre de l'Intérieur. "Tout le monde est obsédé par la montée du Front national, et on se dit qu'en utilisant ou en agissant sur ces thèmes-là on va pouvoir retrouver des voix extrémistes. Évidemment, c'est le contraire qui aura lieu si cette politique se poursuit", a aussi déclaré le député des Pyrénées-Atlantiques craignant qu'on en arrive à "une situation explosive".

Une "croisade islamophobe"

Pour Europe Ecologie-Les Verts, l'attitude de Claude Guéant "banalise les idées d'extrême droite". "Membre du gouvernement depuis seulement 26 jours, Claude Guéant a déjà largement égalé Brice Hortefeux dans le registre des petites phrases douteuses, voire nauséabondes", écrit le parti écologiste dans un communiqué. "Claude Guéant remet la question des signes religieux sur le tapis, comme si la loi interdisant le port du voile intégral dans l'espace public ne suffisait pas", ajoutent les écologistes. "Interdira-t-on désormais à une femme portant foulard (et non burqa ou niqab) de pénétrer dans une école ou un hôpital?".