Pour Guéant, "le CFCM a montré ses limites"

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INTERVIEW E1 - L'ancien ministre de l'Intérieur estime que les représentants du culte musulman ne jouent pas efficacement leur rôle.

L'INFO. Après l'émotion suscitée par les attentats de Paris en janvier, de nouvelles pistes ont été dévoilées mercredi par le gouvernement pour améliorer le dialogue avec l'islam de France. Claude Guéant, ancien ministre de l'Intérieur, a réagi à ces annonces, mercredi soir, sur Europe 1

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"Il y a un problème avec les imams". Interrogé sur la volonté de créer une instance de dialogue qui devrait, à terme, remplacer le Conseil français du culte musulman (CFCM), Claude Guéant a jugé que "le CFCM a montré ses limites. C'est d'abord l'émanation de musulmans qui sont étroitement pris en charge par les pays d'origine. On ne peut donc pas dire que ce soit l'expression des musulmans de France. Le CFCM s'est montré, jusqu'ici, dans l'incapacité de prendre en charge les problèmes principaux de la religion musulmane en France. Nous savons par exemple qu'il y a un problème avec les imams. Beaucoup sont étrangers et ne parlent pas le français, donc ils viennent enseigner un islam déconnecté de nos valeurs républicaines, de nos institutions, de nos traditions".

Le Club de la Presse avec Claude Guéant (Partie 2)par Europe1fr

"Il faudrait une théologie musulmane adaptée à la France". Que préconise Claude Guéant pour remédier à ce problème ? "Il faudrait une théologie musulmane adaptée à la France, qui soit pleinement reconnaissante de nos valeurs et se coule dans notre façon d'être." Sauf que l'Etat ne peut pas imposer la moindre théologie… "C'est vrai que cela dépend des musulmans… mais l'Etat peut influer beaucoup !"

"Il faut tenter des programmes de déradicalisation". Interrogé sur la question de la radicalisation de certains détenus islamistes dans le milieu carcéral, Claude Guéant a jugé que "ce problème va grandissant. C'est un sujet difficile. Comment éviter le prosélytisme ? Une expérience est en cours et va dans le bon sens : éviter que les plus radicaux puissent 'contaminer' les autres détenus. Il faut aussi tenter, cela marche dans certains pays, des programmes de déradicalisation. Ce n'est peut-être pas efficace à 100%, mais il faut l'essayer."

"Pas contre" le voyage des parlementaires en Syrie. Alors qu'on a appris aujourd'hui que quatre parlementaires français se sont rendus en Syrie pour discuter avec Bachar al-Assad, Claude Guéant a jugé cette initiative "libre. Ils n'étaient pas en mission. Avoir des contacts, c'est toujours bon. Nous avons entendus des responsables déplorer que nous n'ayons plus de relations avec les renseignements syriens, ce qui, pourtant, nous aiderait bien dans la situation actuelle. Je ne suis donc pas contre ce voyage."

"Sarkozy cherche des consensus". Interrogé pour finir l'émission sur le retour mitigé de Nicolas Sarkozy sur la scène politique, Claude Guéant a affirmé que "revenant à l'UMP, il savait que ce ne serait pas une partie de plaisir ! Il y a des séquences, des étapes. La première est celle de la reconstruction d'un parti en lambeaux. Ensuite il faudra préparer les primaires. Puis enfin, s'il est choisi, il y aura la présidentielle. Ce sont des étapes très différentes. Actuellement, son souci est de continuer à tout faire pour que le parti soit le plus uni possible. Il en est là, il cherche des consensus. Je suis confiant dans sa capacité d'inventer et de proposer aux Français des choses qui correspondent à leurs attentes".

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