Florange : les promesses de Hollande

François Hollande a été accueilli jeudi par quelques sifflets et huées d'une centaine de personnes, pour la plupart des syndicalistes, rassemblés devant l'entrée des bureaux d'ArcelorMittal à Florange (Moselle).
François Hollande a été accueilli jeudi par quelques sifflets et huées d'une centaine de personnes, pour la plupart des syndicalistes, rassemblés devant l'entrée des bureaux d'ArcelorMittal à Florange (Moselle). © MaxPPP
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Le chef de l’État a annoncé la création d'un centre pour la recherche et a promis une visite par an sur le site.

Les annonces. François Hollande est arrivé jeudi matin à Florange, où il a longuement rencontré les syndicats d'ArcelorMittal, à huis clos. Le chef de l’État s'est ensuite exprimé face à des salariés, où il a annoncé notamment la création d'une plateforme publique de recherche sidérurgique, comme le révélait Europe1 jeudi matin. Elle devrait être installée en 2014, dans la vallée de la Fensch, en Lorraine, selon un journaliste du Monde. Le président de la République s'est par ailleurs engagé à venir chaque année à Florange, "pour veiller au respect des engagements qui ont été pris".

L'arrivée mouvementée. Une manifestation à l'appel de la CGT avait été organisée à l'entrée du site. Elle réunissait une petite centaine de salariés, brandissant des drapeaux de leur syndicat.  "Hollande comme Sarkozy, le président des patrons", pouvait-on y lire. Quelques sifflets ont même été entendus au moment du passage de la voiture présidentielle. Le syndicaliste CFDT de Florange Édouard Martin avait assuré plus tôt que le chef de l’État ne serait pas bousculé... Mais il a lui aussi été sifflé.

Les syndicats restent dubitatifs. À l'issu de la réunion entre les chef de l’État et les syndicats, Edouard Martin a évoqué une "discussion franche". "Il en a pris pour son grade mais il assume ses responsabilités", a résumé le syndicaliste. Et d'ajouter :"on a crevé l'abcès, maintenant on regarde vers l'avenir"."Pas de blanc-seing pour Hollande. Il a dit qu'il reviendrait dans un an : très bien, alors on jugera aux actes", a renchéri ensuite Frédéric Weber, délégué FO ArcelorMittal. "Je tenais à revenir à Florange comme président de la République pour mener les yeux dans les yeux une discussion avec les représentants de salariés. Je suis venu pour justifier les choix qui ont été faits. Ils ont été faits dans l'intérêt de Florange", a répondu le chef de l’État.

15 millions pour le projet Lys. Outre la promesse d'un fonds pour la recherche sur la sidérurgie, le président arrive avec dans son escarcelle un pacte Etat-Région (2014-2016) prévoyant 300 millions d'euros d'investissements pour des projets lorrains innovants. Sur cette enveloppe, 33 millions, dont 15 de l’État, seront consacrés au site d'Arcelor pour le développement d'une technologie de production d'acier faiblement émettrice de CO2 baptisée Lis (Low impact steel).

hollande florange

L'aveu d'échec. En février 2012, dans la dernière ligne droite de la présidentielle, le candidat PS avait reçu un accueil triomphal à Florange. Souvenez-vous, il était alors monté sur une camionnette pour soutenir les salariés, assurant en grande pompe qu'il ne les lâcherait pas. Il s'était bien gardé de promettre explicitement la sauvegarde des hauts fourneaux (qui ont fermé depuis cinq mois). Mais il s'était engagé à proposer une loi pour qu'une "grande firme qui ne veut plus d'une unité de production" soit obligée de trouver des repreneurs. Il l'avait appelé "loi Florange". Ce texte -une proposition de loi -, qui doit être voté à l'Assemblée nationale le 1er octobre, avant d'être examiné par le Sénat, se limite finalement à une simple obligation de recherche d'un repreneur. Et le chef de l’État a reconnu en filigrane qu'il s'était emballé. "On l'avait appelée loi Florange et, en définitive, elle ne s'appliquera pas à Florange. Et elle n’aurait pas pu s'appeler à Florange", a-t-il déclaré.

Que s'est-il passé depuis cinq mois ? La fermeture des hauts fourneaux a touché 629 des 2.500 salariés du site de Florange. Sur ces 629 salariés, il n'y a pas eu de licenciements. Les plus âgés ont bénéficié d'un régime de "quasi-préretraite", les autres ont été redéployés pour une partie sur la filière froide de Florange, qui a de gros besoins de main d'oeuvre et pour une autre dans d'autres sites du groupe ArcelorMittal avec un système de prime, a indiqué l'entourage de François Hollande jeudi. En août 30 à 40 salariés n'avaient pas encore fait leur choix.

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