Fillon tacle le PS et "ses leçons de morale"

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Hélène Favier , modifié à
Les deux hommes forts de l'UMP, Fillon et Copé ont sonné, samedi, le rappel des troupes UMP.

Et pendant ce temps là... François Fillon et Jean-François Copé sonnaient le rappel. Alors que le PS adoptait, en grandes pompes, son "Changement", nom de son projet pour 2012, le tandem François Fillon/Jean-François Copé appelaient samedi à la "mobilisation", lors d'un "Conseil national" aux portes de Paris.

Les deux hommes ont, en effet, scellé leur réconciliation Porte de Versailles, où l'UMP avait investi Nicolas Sarkozy en 2007. Ils sont arrivés côte à côte à la tribune, puis ont été longuement ovationnés par un bon millier de cadres et d'élus survoltés aux cris de "Fillon, Copé !".

Le PS doit "ravaler toutes les leçons de morale"

"A l'heure où les socialistes se trouvent dans l'obligation de ravaler toutes les leçons de morale qu'ils n'ont cessé de nous adresser, l'UMP débat, l'UMP réfléchit, l'UMP concentre ses forces", a lancé de la tribune le Premier ministre évoquant, droit comme un i, l'affaire Dominique Strauss-Kahn. François Fillon semblait alors avoir oublié les conciliabules de la matinée, qui en coulisses laissaient envisager une démission imminente du secrétaire d'Etat Georges Tron, visé par une enquête pour agressions sexuelles.

"Présomption d'innocence !" et "prudence" se sont bornés à dire, embarrassés, plusieurs ténors de l'UMP, devant les caméras.

"Les socialistes le défendent avec force lorsqu'il s'agit de Dominique Strauss-Kahn. Nous l'avons fait aussi d'ailleurs", a insisté, à son tour, le parton du parti Jean-François Copé. "Mais pourquoi alors ont-ils jeté aux chiens l'honneur d'Eric Woerth et de Michèle Alliot-Marie ?", s'est-il ensuite interrogé. Ces deux ministres du gouvernement de François Fillon avaient dû démissionner, le premier en novembre 2010 sous l'accusation de conflit d'intérêts, la seconde en février dernier à la suite d'un voyage contesté en Tunisie.

"J'ai la conviction chevillée au corps"

Les affaires DSK et Georges Tron évacuées. Les ténors du parti présidentiel se sont concentrés sur le mot d'ordre pour 2012 : "mobilisation, et unité".

Dans la perspective de la présidentielle, le Premier ministre a ainsi proposé de construire le projet sur le "socle de réforme, de crédibilité, de courage" bâti tout au long du quinquennat. "J'ai la conviction chevillée au corps", a-t-il estimé, que les Français "sauront gré" de son action à Nicolas Sarkozy.

Mais, "nous ne devons pas céder aux sirènes de la division", a ensuite enchaîné François Fillon, exhortant à la discipline les députés de la majorité, dont la récente fronde contre la suppression des panneaux de signalisation des radars anti-excès de vitesse a de nouveau mis le gouvernement dans l'embarras.

"Le pont d'Arcole est franchi"

Se posant en chef de guerre, Jean-François Copé s'est ensuite exalté : "grâce à vous, le pont d'Arcole est franchi" et "le moment est venu de monter encore d'un cran la mobilisation, et de lancer toutes nos forces dans la bataille !"
"L'unité est notre force" et "la condition de notre victoire", a-t-il prévenu, alors même que "le PS se déchire déjà à l'occasion de ses primaires fratricides". Puis il a lancé un message en forme de mise en garde aux alliés de 2007 Jean-Louis Borloo (Parti radical) et Hervé Morin (Nouveau Centre), occupés aujourd'hui à construire une confédération des centres avec en ligne de mire une candidature centriste en 2012.

"Leur voix comptera toujours plus au sein de l'UMP qu'en dehors", a-t-il encore asséné à l'intention des Radicaux. Evoquant le risque d'un 21 avril à l'envers, Jean-François Copé a ajouté : "Personne n'a de place réservée et garantie au second tour de la présidentielle. Personne !" Avant lui, François Fillon avait déjà mis en garde : "Je le dis à ceux de nos amis radicaux ou centristes qui sont tentés par les délices de la division : c'est une stratégie perdante" !