Emmanuel Macron sifflé et bousculé à l'usine Whirlpool d'Amiens

Emmanuel Macron est allé au contact des salariés de Whirlpool.
Emmanuel Macron est allé au contact des salariés de Whirlpool. © Eric FEFERBERG / AFP
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Clément Lesaffre , modifié à
La visite tardive du candidat d'En Marche! à l'usine Whirlpool d'Amiens, menacée de fermeture, s'est faite dans un contexte tendu, quelques heures après la venue surprise de Marine Le Pen.

Le déplacement d'Emmanuel Macron à Amiens est décidément bien périlleux. Défié par Marine Le Pen pendant qu'il rencontrait l'intersyndicale de l'usine Whirlpool menacée de fermeture, le candidat d'En Marche s'est ensuite rendu sur le site de production vers 14h30. Une visite tardive qui lui a valu sifflets et bousculades devant l'usine.

"Marine présidente". Alors qu'ils avaient accueilli Marine Le Pen avec ferveur et en prenant des selfies, les salariés de Whirlpool ont réservé un accueil plus musclé à Emmanuel Macron. Le candidat a été sifflé à son arrivée et de nombreux "Marine présidente !" ont été lancés. Coincé entre les salariés, les journalistes et son service d'ordre sur les dents, Emmanuel Macron a eu bien du mal à parler avec les employés en grève devant l'usine. Cherchant à s'exprimer, il a demandé un porte-voix dans un premier temps. Ne pouvant en obtenir un, il a ensuite voulu monter sur une estrade mais son service d'ordre lui a demandé d'y renoncer.

"Je viens parler avec vous". Emmanuel Macron a donc décidé de répondre directement aux apostrophes et aux invectives des salariés. "Sauvez nos emplois s'il vous plaît !", a crié l'un des 290 salariés menacés. "Venez qu'on puisse se parler", a répondu Emmanuel Macron. Le favori de l'élection présidentielle s'est ensuite adressé à un groupe de salariés en colère lui demandant pourquoi il n'était pas venu plus tôt. "J'ai pris mes responsabilités, je ne me défile pas. L'intersyndicale m'a dit qu'il y avait des gens qui voulaient me parler. Je viens parler avec vous", a-t-il dit. "Moi, je ne suis pas venu dans le dos de l'intersyndicale", a lancé Emmanuel Macron, visant Marine Le Pen venue vers midi pour une visite surprise.

Débats houleux. Finalement, Emmanuel Macron a pu rencontrer, sur le parking de l'usine, un groupe de salariés qui souhaitaient lui parler depuis sa réunion avec l'intersyndicale, par l'intermédiaire de représentants du personnel. Il leur a réitéré son projet pour le site. "Je considère que Christophe Sirugue (l'actuel secrétaire d'État chargé de l'industrie, ndlr) a fait du bon travail jusqu'ici. Je ne promets pas monts et merveilles, je ne fais pas de promesses intenables", a assuré le candidat d'En Marche!. 

Macron étudiera les offres de reprise. Contrairement à Marine Le Pen, Emmanuel Macron a refusé d'envisagé une nationalisation. S'il est élu, il étudiera les offres de reprise et n'"homologuera aucun plan de sauvegarde de l'emploi qui ne serait pas à la hauteur". Face au risque de fermeture, Emmanuel Macron a mis en avant un point clé de son programme : la formation professionnelle. "Une formation, ça vous permet de retrouver un emploi quand une entreprise ferme", a-t-il justifié face à des employés peu convaincus. "Je me battrai pour que l'usine ne ferme pas", a-t-il répété.

Je me battrai pour que l'usine ne ferme pas

Déçus de Hollande. Les salariés lui ont reproché sa proximité avec François Hollande, coupable selon eux de n’avoir rien fait pour maintenir une industrie française en général, et leur entreprise en particulier. Beaucoup ont dit regretter d'avoir voté pour l'actuel président de la République et assumé de se tourner à présent vers Marine Le Pen. "Vous croyez que ça ne me fait pas mal aux tripes qu'on vote autant Front national sur mes terres ?", a répondu Emmanuel Macron, originaire d'Amiens.

Echange avec François Ruffin. Le candidat d'En Marche a ensuite été abordé par François Ruffin, réalisateur de Merci Patron! et candidat aux législatives à Amiens. Il a tenu à "saluer le courage" d'Emmanuel Macron, "venu au milieu de la mêlée malgré le contexte tendu". "Mais vous payez votre manque de solidarité, votre absence pendant trois mois. Pas un mot, pas un communiqué, pas une prise de parole sur Whirlpool pendant la campagne. Il y a un abandon de votre part. Aujourd'hui, vous le payez ici", a critiqué François Ruffin. Le candidat de Picardie Debout aux législatives s'est ensuite lancé dans un discours pour décrire l'état de désespoir des salariés de Whirlpool, malmenés selon lui par une économie mondialisée qui les laisse sur le carreau.

A noter que plusieurs militants FN étaient également présents lors du passage d'Emmanuel Macron, dont Eric Richermoz, secrétaire départemental du FN. Ils avaient accompagné la visite surprise de Marine Le Pen un peu plus tôt et distribué des croissants aux salariés présents sur le piquet de grève. Présente pendant une vingtaine de minutes auprès des salariés, la candidate frontiste a promis que si elle était élue, l'usine Whirlpool ne fermera pas. Pour sa part, Emmanuel Macron a promis de revenir "rendre compte".