Emmanuel Macron "ne croit pas" au concept de "président normal" de François Hollande

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Emmanuel Macron s'est rendu samedu au Mondial de l'automobile à Paris. © ERIC FEFERBERG/AFP
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avec AFP , modifié à
L'ancien ministre de l'Économie critique sans détour le concept de "président normal" dans un entretien à "Challenges".

Emmanuel Macron n'y va pas de main morte. Dans un entretien publié par Challenges, dont Le Journal du dimanche publie des extraits, l'ancien ministre de l'Économie confie "ne pas croire" au "président normal" qu'a voulu incarner François Hollande au début de son quinquennat. "François Hollande ne croit pas au 'président jupitérien'. Il considère que le Président est devenu un émetteur comme un autre dans la sphère politico-médiatique", explique le fondateur du mouvement "En marche !", qui n'a pas encore officiellement déclaré son intention de se présenter à la prochaine élection présidentielle, en mai prochain. "Pour ma part, je ne crois pas au président 'normal'. Les Français n'attendent pas cela. Au contraire, un tel concept les déstabilise, les insécurise."

"Un risque psychologique collectif". Et Emmanuel Macron de développer son concept à lui de la "fonction présidentielle". "Pour moi, la fonction présidentielle dans la France démocratique contemporaine doit être exercée par quelqu'un qui, sans estimer être la source de toute chose, doit conduire la société à force de convictions, d'actions et donner un sens clair à sa démarche", explique l'ancien conseiller du chef de l'État.

Quand le président devient "normal", "nous courons un risque politique et institutionnel, mais aussi un risque psychologique collectif, et même un risque pour l'efficacité de l'action", estime-t-il. "Le peuple français, collectif et politique, peut se retourner très vite parce qu'il est en attente d'un discours qui donne à la fois du sens et des perspectives." Emmanuel Macron plaide dès lors pour l'invention d'une "nouvelle forme d'autorité démocratique fondée sur un discours du sens, sur un univers de symboles, sur une volonté permanente de projection dans l'avenir, le tout ancré dans l'histoire du pays".

L'ancien locataire de Bercy y va alors de son analyse du "temps" en politique. "Le temps de la présidence et des engagements pris ne saurait se construire en fonction de l'actualité : ce serait s'engouffrer dans une forme d'obsession de la politique qui jamais ne définit les termes et les conditions de sa propre efficacité", considère encore Emmanuel Macron. Pour lui, "une présidence de l'anecdote, de l'événement et de la réaction banalise la fonction". "Ce type de présidence ne permet pas de se réconcilier avec le temps long et le discours du sens", déplore-t-il, alors qu'à "l'inverse, dans une présidence de type gaullo-mitterrandien, la recherche d'un champ, d'une focale, éloigne du quotidien et installe un rapport différent à l'actualité". Emmanuel Macron doit donner mardi à Montpellier le dernier de ses trois meetings consacrés au "diagnostic" de l'état de la France, avant de clarifier ses intentions pour 2017.