Économie : Sarkozy défend son cap

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Le président a exposé ses projets lors de ses vœux au monde économique, critiquant aussi le PS.

La semaine de Nicolas Sarkozy est placée sous le signe de l’économie. Après avoir rencontré les partenaires sociaux mercredi à l’Elysée, le président de la République a adressé jeudi ses vœux au monde économique depuis Lyon. Il a, peu ou prou, répété ce qu’il avait déjà déclaré la veille, mais le ton était beaucoup plus offensif et les piques à l’encontre de l’opposition ont été nombreuses : son discours avait comme un air de campagne électorale devant une audience acquise à sa cause.

Réformer "jusqu’à la dernière minute"

Le message était clair : "quand on diffère une décision difficile, on doit la prendre plus tard, trop tard, et avec plus de souffrances", a martelé Nicolas Sarkozy, qui s’est rendu jeudi dans la région lyonnaise pour visiter une usine du groupe Seb à Pont-l'Evêque, dans l’Isère, avant de se rendre à Eurexpo, à Lyon, pour ses vœux au monde économique.

Le président a donc estimé qu’il n’est "pas acceptable" de différer ses projets de réforme au motif que l’élection présidentielle a lieu dans moins de 100 jours. "J’ai bien compris que j’étais là pour cinq ans", a-t-il déclaré, avant d’ajouter : "je travaillerai jusqu’à la dernière minute de mon mandat".

Justifier point par point ses projets de réforme

Ce discours a surtout été pour Nicolas Sarkozy l’occasion de revenir sur toutes les réformes qu’il souhaite engager afin de les justifier les unes après les autres.

Règle d’or. Après avoir rappelé que l’Allemagne et l’Espagne l’ont adoptée, le chef de l’Etat s’est interrogé : "n’y aurait-il donc pas d’hommes et de femmes raisonnables (en France) ?"

Chômage. "On n’a pas tout essayé", a-t-il martelé avant d’évoquer la situation des jeunes. Si le chômage est si élevé dans cette catégorie de la population, c’est parce qu’il "n’y a chez nous deux fois moins de jeunes en alternance".

Compétitivité. "La France doit rester une terre de production", a souhaité Nicolas Sarkozy et cela est, à ses yeux, lié au coût du travail. "Nous prendrons des décisions fortes" pour que le financement de la protection sociale ne repose pas que sur la taxation du travail, a donc ajouté le président, en prenant pour modèle le dialogue social en Allemagne. Il n'a, en revanche, pas prononcé le terme de TVA sociale.

Financement de l’économie. Après avoir dévoilé mercredi son souhait d’instaurer une banque de l’industrie, le chef de l’Etat a promis d’accélérer sa mise en place, tout en annonçant son projet de ""régionaliser le Fonds stratégique d’investissement (FSI)".

Taxe Tobin. "C’est le dérèglement de la finance" qui a provoqué la crise actuelle, a répété Nicolas Sarkozy pour justifier son projet de taxe, qui "est économiquement et moralement juste". "La France montrera donc l’exemple, elle entrainera derrière elle l’ensemble de l’Europe", a-t-il poursuivi.

La campagne électorale a bien commencé

Au-delà de l’exercice de pédagogie sur ses projets de réformes, Nicolas Sarkozy a surtout multiplié les critiques à peine voilées à l’encontre de l’opposition. Il a notamment fustigé les réactions après la dégradation de la note souveraine de la France.

"On a vu un spectacle parfois indécent, pour ceux qui aiment leur pays, d'hommes et de femmes donnant le sentiment de se réjouir de ce que venait de décider cette agence", a-t-il déclaré, avant de pointer "un affolement peut-être sans précédent dans une partie du monde politique et du monde médiatique".

Puis il a martelé qu’il ne serait "jamais l’homme d’un nouveau Vilvoorde", en référence à Lionel Jospin, qui avait déclaré que "l’Etat ne peut pas tout" pour sauver cette usine Renault en Belgique. Sa conclusion a été encore plus explicite, lorsqu’il a adressé à l’audience ses "vœux professionnels et personnels", avant de s’adresser aux ténors socialistes de la région, et notamment Gérard Collomb, le maire de Lyon. A ces derniers, Nicolas Sarkozy a adressé ses seuls "vœux personnels", mais pas professionnels.