DSK : quelles conséquences politiques ?

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avec agences , modifié à
Son inculpation pour agression sexuelle aux Etats-Unis pose la question de la course à 2012.

L’homme politique de gauche le mieux placé pour la présidentielle inculpé, les cartes du scrutin de 2012 pourraient bien être redistribuées. L’ "affaire DSK" sonne en effet comme un véritable coup de massue pour le Parti socialiste, qui avait fait du patron du Fonds monétaire international son favori, considéré comme le meilleur pour battre Nicolas Sarkozy.

Martine Aubry a parlé de "coup de tonnerre", François Hollande de "terrible nouvelle", et Ségolène Royal de "nouvelle bouleversante". Si les appels à la retenue se font nombreux, on se demande dimanche si DSK pourra encore prétendre à une candidature aux primaires, et quelles seront les conséquences politiques du séisme.

Hollande favorisé ?

Dans une enquête Ifop pour Le Journal du Dimanche, réalisée avant l’inculpation du patron du FMI, Dominique Strauss Kahn «était en tête des intentions de vote pour le premier tour de la présidentielle (26%), talonné par l’ancien premier secrétaire du parti, François Hollande, avec 23% des voix s'il était le candidat du PS.

François Hollande est, avec Ségolène Royal, Arnaud Montebourg et Manuel Valls, l'un des quatre candidats déclarés à la primaire socialiste.

Le dépôt des candidatures pour l'investiture socialiste est prévu entre le 28 juin et le 9 juillet. Dominique Strauss-Kahn s'était récemment rendu à Paris pour préparer un probable dépôt de candidature.

Quid de l’accord avec Aubry ?

La dirigeante du Parti socialiste, Martine Aubry, est toujours liée au directeur du FMI par un accord de désistement réciproque. Mais si Dominique Strauss Kahn devait répondre de ses actes aux Etats-Unis, le scénario pourrait être bouleversé.

D’après le politologue Stéphane Rozès, "la personnalité qui profiterait le plus de cette situation en termes de regard, et pas forcément en termes de popularité, c'est plutôt François Hollande". "Martine Aubry, elle, va devoir garder la maison en cette période agitée, c'est-à-dire rester à la tête du Parti socialiste rue de Solferino, et elle va intervenir comme dirigeante", a-t-il ajouté dimanche.

Et c’est sans compter sur l’initiative que pourraient prendre certains proches de DSK, comme Pierre Moscovici, de se présenter à la Présidentielle dans le cas d’une absence de leur poulain. Même si Jean-Marie Le Guen, un de ses lieutenants, a appelé à tempérer dimanche sur Europe 1, et à "ne pas tirer de conclusion hâtive".

Une bonne nouvelle pour Sarkozy ?

A droite, on se refuse à tirer des conclusions électorales en invoquant la présomption d'innocence. L’Elysée, de son côté, s’est refusé à tout commentaire sur l’affaire. Pourtant, si le favori des sondages, à gauche, était hors jeu, la voie pourrait bien se dégager pour Nicolas Sarkozy.

Certains n’ont pourtant pas manqué de se montrer acerbe. Pour Bernard Debré, député UMP de Paris, DSK est "un homme peu recommandable". "C'est humilier la France que d'avoir un homme qui soit comme lui, qui se vautre dans le sexe et ça se sait depuis fort longtemps", a-t-il déclaré sur Europe 1, dimanche matin.

Une image ternie

Quelle que soit l'issue de la procédure visant Dominique Strauss-Kahn - certains évoquent un "traquenard" -, son image s'en trouvera entachée et sa carrière, peut-être, freinée.

Depuis son séjour à Paris fin avril, Dominique Strauss-Kahn était déjà la cible de vives critiques d'une partie de la presse sur son train de vie et son patrimoine familial. Une photo le montrant dans une Porsche devant son domicile parisien de la Place des Vosges, a été perçue comme une faute de communication, "une maladresse" selon ses proches, un vrai faux pas, selon la majorité présidentielle.

Vendredi, il avait d’ailleurs décidé de contre-attaquer en annonçant par la voix de ses avocats des poursuites judiciaires contre le quotidien France Soir. Le tout pour sauvegarder son image.