Députés PS, au garde à vous !

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Fabienne Cosnay , modifié à
CHECK-LIST - Bruno Le Roux a présenté à ses troupes les nouvelles règles de "vie collective". 

Jouer collectif. L'insoumission, c'est terminé. Voilà en substance le message adressé mardi par le Premier ministre et le patron des députes PS à leurs troupes. Le premier s'est chargé du discours général, le deuxième s'est employé à annoncer les nouvelles règles de "vie collective". Entre l'affaire Leonarda, la fronde de 17 députés de l'aile gauche du PS qui se sont abstenus sur la réforme des retraites et en plein examen du budget, Jean-Marc Ayrault et Bruno Le Roux ont voulu mettre un terme à la cacophonie ambiante.

Pendant une heure, le groupe socialiste, réuni à huis clos, s'est donc fait remonter les bretelles. "Il faut faire bloc. C'est la volonté d'une majorité de députés socialistes, lassée des comportements de certains. J'ai la chance d'avoir l'appui et la solidarité de l'immense majorité des députés socialistes et c'est particulièrement utile et réconfortant pour réussir la politique de remise en marche du pays", a déclaré le Premier ministre.

Bruno Le Roux assemblée maxppp 930620

Réorganisation des troupes. Comme l'avait révélé Europe 1, Bruno Le Roux est, lui, chargé du "sale boulot". Officiellement, il s'agit d'instaurer de "nouvelles règles de vie collective". Une jolie formule pour faire entrer tout le monde dans le rang. Dans des termes très diplomatiques, le chef de file des députes PS a ainsi annoncé un travail de consultation "pendant une dizaine de jours" pour "améliorer (sic) le processus de construction collective et de délibération au sein du groupe".

Mais quand on rentre dans le détail, c'est tout de suite beaucoup moins "collectif". La discipline de groupe consistera à "renforcer la prise de position collective, qui aura une force contraignante pour ceux dont la position n'a pas été traduite de façon majoritaire". Les élus insoumis sont donc priés de ne plus faire part de leurs états d'âme dans les médias. Comme les ministres depuis la note anti-couacs de Matignon. Et pour affaiblir les minoritaires et leurs amendements qui font tâche dans l'opinion ou les médias, Bruno Le Roux a annoncé qu'il voulait donner "un rôle beaucoup plus important aux responsables des groupes socialistes dans les commissions, notamment sur la régulation des amendements, pour éviter les scories de la semaine dernière".

Les assistants virés des réunions. Les assistants parlementaires n'assisteront plus, quant à eux, à la réunion hebdomadaire des députés PS. Officiellement, pour la tranquillité des élus. "Le but est que les parlementaires puissent travailler sereinement, qu'il n'y ait pas de bruit de fond, pas de mouvements", a indiqué, le plus sérieusement du monde, le porte-parole du PS, Thierry Mandon. En réalité, cette exclusion, très mal vécue par la plupart des assistants – ils l'ont fait savoir sur Twitter via le  #moicollab, vise à éviter, ou pour le moins limiter, les fuites.

>>> A lire sur Le Lab : les "petites mains" des députés se rebellent

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"Ceux qui donnent des leçons…". Les nouvelles règles de vie collectives seront-elles suffisantes pour museler les plus frondeurs ? Rien n'est moins sûr. A la sortie de la réunion, le député de l'Essonne Malek Boutih ne cachait pas une amertume teintée d'ironie.  "Ce n'est pas du groupe socialiste que viennent les problèmes politiques en ce moment", évoquant le spectre du 21 avril 2002, qui avait vu Lionel Jospin quitter la vie politique après sa défaite face à Jean-Marie Le Pen au premier tour de l'élection présidentielle. "Alors ceux qui donnent des leçons en disant qu'il faut de la solidarité, je sais comment ça finit : le jour où il y a des résultats négatifs, on nous abandonne. Cette fois, on ne nous fera pas le coup. On n'est pas une génération qui va se taire sous prétexte qu'il faudrait attendre la fin du bal".