Depuis la Martinique, Fillon tacle la rivalité Hollande-Macron

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François Fillon devant des militants Les Républicains, le 21 avril 2016 en Martinique. © LIONEL CHAMOISEAU / AFP
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Margaux Baralon et Aurélie Herbemont
RÉACTION - Le candidat à la primaire de la droite estime que l'attitude du ministre de l'Economie illustre la perte d'autorité du président de la République.

François Fillon a beau être à des milliers de kilomètres de la métropole, il garde un œil attentif sur l'actualité politique. Attentif, mais aussi très critique. En déplacement en Martinique, jeudi, le candidat à la primaire de la droite a pointé du doigt la cacophonie qui règne au sein du gouvernement, notamment le manque de loyauté d' Emmanuel Macron, le ministre de l'Economie.

Un ministre rebelle. "Emmanuel Macron, c'était le conseiller [de François Hollande]. Il en a fait son ministre. Et voilà qu'Emmanuel Macron nous explique que la politique de François Hollande est une catastrophe et qu'il faut tout changer", a raillé l'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy. "Il est tellement décidé à tout changer qu'il crée son propre parti politique, contre celui du président de la République." De fait, Emmanuel Macron, qui n'est pas encarté au PS, a lancé son mouvement "En Marche !" il y a deux semaines, et compte désormais se lancer dans de vastes opérations de porte-à-porte. De l'aveu du patron de Bercy lui-même, dans un entretien au quotidien belge Le Soir, "En Marche !" est destiné à "nourrir un projet présidentiel".

Saper l'autorité de François Hollande. Pour François Fillon, l'attitude du ministre de l'Economie affaiblit François Hollande. "Est-ce que ce n'est pas le signe d'un président de la République qui n'a aucune autorité face à un ministre qui, dans son gouvernement, le défie ouvertement ?" Le député de Paris a dénoncé un "jeu" entre les deux hommes. "Emmanuel Macron attend que François Hollande le fiche dehors parce qu'il sait que si [cela arrive], il va gagner encore 10 points dans les sondages. Et François Hollande se dit que, dans ces conditions, il va le garder", a-t-il tancé. 

Une semaine de tensions. Cette semaine, les passes d'armes entre les deux têtes de l'exécutif et le ministre de l'Economie se sont enchaînées. A plusieurs reprises, sur des sujets comme l'ISF, le port du voile à l'université ou la crise des réfugiés, Emmanuel Macron n'a pas hésité à s'opposer frontalement à la politique de Manuel Valls. Et une petite phrase du patron de Bercy a remis une pièce dans la machine, jeudi soir. Dans un entretien paru vendredi dans les journaux du groupe Ebra, le ministre a en effet défendu sa "loyauté personnelle" à l'égard de François Hollande, tout en disant ne pas être son "obligé". Une phrase "sortie de son contexte", selon lui, mais qui risque de ne pas apaiser les relations au sommet de l'État.