Constitution : Larcher "vivement interpellé" par les députés LR

Gérard Larcher était l'invité mardi de la réunion de groupe des députés LR.
Gérard Larcher était l'invité mardi de la réunion de groupe des députés LR. © GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
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avec AFP , modifié à
"On lui a dit que le deal qu'il était prêt à accepter avec Emmanuel Macron ne nous convenait pas", a résumé le député de l'Aisne, Julien Dive.

Les députés LR ont "vivement interpellé" mardi le président LR du Sénat Gérard Larcher, invité de leur réunion de groupe, lui reprochant d'être prêt à conclure un accord avec Emmanuel Macron sur la réforme des institutions qu'ils rejettent en bloc, selon des participants.

"C'était une explication franche." Lors de cette réunion, où était également convié le président de la commission des Lois du Sénat, Philippe Bas, une douzaine de députés LR (Eric Ciotti, Daniel Fasquelle, Guillaume Larrivé, Claude Goasguen, etc.) ont pris la parole pour interpeller Gérard Larcher sur les conséquences d'une position divergente entre sénateurs et députés LR sur la réforme institutionnelle, dont la partie constitutionnelle est actuellement débattue à l'Assemblée. "Cela pourrait créer un schisme dans le parti (...) On lui a dit que le deal qu'il était prêt à accepter avec Emmanuel Macron ne nous convenait pas", a résumé le député de l'Aisne, Julien Dive, dans les couloirs.

Les députés LR refusent notamment toute introduction d'une dose de proportionnelle pour l'élection des députés, alors que Gérard Larcher est prêt à accepter 15% maximum, niveau n'entraînant pas de risque d'instabilité pour gouverner selon lui. "C'était une explication franche. Il n'y a pas eu d'évolution des positions. On a convenu de se revoir à la rentrée", a indiqué le député de l'Essonne Robin Reda. Plus largement, "c'est une question de stratégie politique : est-ce qu'on veut offrir une victoire à Emmanuel Macron ?", s'est-il interrogé.

"La proportionnelle est inacceptable pour nous." Le message convergent du groupe LR à l'adresse de Gérard Larcher, c'était "pas de division" entre parlementaires LR, et "il faut comprendre que la proportionnelle est inacceptable pour nous", selon le député de l'Aube François Cornut-Gentille, qui avait défendu l'une des deux motions LR (renvoi en commission) au démarrage du débat constitutionnel dans l'hémicycle. Selon un député, "c'était utile que Gérard Larcher mesure bien la situation, il s'est engagé à regarder nos propositions et à revenir".

Le député de Moselle Fabien Di Filippo a évoqué un "esprit de dialogue très constructif et direct", jugeant "normal que les députés expriment les problèmes institutionnels qui découleront inévitablement de cette réforme mortifère".

Larcher a appelé les députés LR à ne pas "tomber dans le piège" de l'exécutif

Gérard Larcher a défendu mardi devant les députés LR sa stratégie sur la réforme institutionnelle, récusant toute naïveté et appelant à ne pas "tomber dans le piège" imaginé "pour nous fracturer", selon des propos rapportés par son entourage.

"En défendant le Sénat, je défends le bicamérisme", et c'est "défendre l'esprit de nos institutions voulues par le général de Gaulle" mais aussi "protéger les députés et les droits du Parlement", a-t-il plaidé selon son entourage, évoquant des intérêts de la majorité sénatoriale, "sur beaucoup plus de points que vous ne l'imaginez, proches des vôtres".

S'il a reconnu des cultures et logiques institutionnelles différentes dans les deux chambres, Gérard Larcher a justifié une négociation "globale" sur la réforme institutionnelle, d'après ces propos rapportés. Jugeant que "l'architecture de la réforme a été imaginée pour contourner une éventuelle résistance du Sénat", il a plaidé qu'un "non" "a priori", rendrait "inopérant le verrou constitutionnel dont dispose le Sénat, et laisserait les mains libres au gouvernement sur le champ de la loi ordinaire et de la loi organique", porteuses des mesures emblématiques sur la réduction du nombre de parlementaires ou la limitation du cumul des mandats dans le temps.

"Un échec de la révision constitutionnelle, avec l'objectif d'infliger une défaite au président de la République", comme le défendent "certains d'entre vous", pourrait être une "épreuve majeure pour le Parlement, pour l'équilibre de nos institutions et aussi pour nous, députés et sénateurs LR", a prévenu le président du Sénat.

Alors que la famille LR est "en reconstruction", ce ténor du parti présidé par Laurent Wauquiez a considéré que "cette révision constitutionnelle a été imaginée pour nous fracturer et nous ringardiser". "Ne tombons pas dans ce piège", a-t-il exhorté. "Mais, si les conditions ne sont pas réunies, alors il y aura échec, je l'assumerai et l'expliquerai. Mais cet échec devra se fonder sur la démonstration d'une volonté du président de la République 'd'abus de faiblesse' en portant atteinte au Parlement", a-t-il ajouté, d'après la même source.