Cinq questions sur la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon

Jean-Luc Mélenchon est à la tête d'un mouvement qui revendique 400.000 inscrits. Eric FEFERBERG / AFP
Jean-Luc Mélenchon est à la tête d'un mouvement qui revendique 400.000 inscrits. © Eric FEFERBERG / AFP
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Thibaud Le Meneec , modifié à
La dynamique de Jean-Luc Mélenchon dans cette campagne présidentielle s’appuie sur un mouvement nouveau, la France insoumise, créé en février 2016.

Seul, Jean-Luc Mélenchon ? Depuis le lancement de sa campagne, le tribun mise sur ses talents d’orateur, son programme de rupture avec le quinquennat actuel et son "dégagisme" pour espérer se qualifier en vue du second tour de la présidentielle. Jean-Luc Mélenchon peut aussi compter sur une machine militante à son service, nouvelle, méconnue mais prête à prendre le pouvoir. Europe1.fr tente de lever le voile sur la France insoumise du candidat Mélenchon.

  • La France insoumise, est-ce le Front de gauche version 2017 ?

Oui et non. Oui, car la France insoumise est un mouvement qui veut "dépasser" les partis comme le Front de gauche depuis son lancement en 2009. Rassemblement sous une même étiquette du Parti de Gauche (dont Jean-Luc Mélenchon est issu), du Parti communiste et d’autres formations, le Front de gauche a connu son heure de gloire avec la première candidature de Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle, il y a cinq ans. Et de nombreux candidats aux législatives continuent de se présenter sous ce nom, résultat d’une bonne entente de ces forces au niveau local.

Mais au niveau national, les tensions entre les partisans de Jean-Luc Mélenchon et les communistes, eux-mêmes divisés sur les liens à avoir avec le candidat, ont causé son essoufflement. Au point qu’en juillet 2016, le tribun a enterré le mouvement quelques mois après le lancement de la France insoumise : "Le cartel Front de gauche n’existe plus. La confiance, aussi, est morte". Ce qui a poussé le PCF à soutenir (de justesse) la candidature de Jean-Luc Mélenchon tout en menant une "campagne autonome". Un soutien a minima, très loin des synergies observées en 2012.

  • Est-ce que la France insoumise est organisée de la même manière qu’En marche ! ?

Un chef candidat à l’élection présidentielle, un mouvement qui acte la mort des partis et une même volonté de concurrencer les formations classiques que sont le Parti socialiste et Les Républicains : a priori, les points communs ne manquent pas entre "les insoumis" de Jean-Luc Mélenchon et "les marcheurs" d’Emmanuel Macron. Lancés au début de l’année dernière, ils ont servi de rampe de lancement à leurs charismatiques figures de proue, fondateurs de ces mouvements appuyés en partie sur des contributions venues de la société civile.

Un certain flou règne, de la même manière, sur leurs rôles respectifs : Jean-Luc Mélenchon n’est "que" le candidat de la formation, dont les statuts ont été déposés à l’Inpi en juin dernier par l’un de ses proches, Gabriel Amard. Il n’exerce d’ailleurs plus de fonction à la tête du Parti de Gauche depuis 2014. Que fera Jean-Luc Mélenchon après le mois de mai s’il ne gagne pas, alors que cette deuxième campagne présidentielle est, de son propre aveu, sa dernière ? Il lui reste son mandat d’eurodéputé, obtenu en 2014 sous l’étiquette Front de gauche. Mais alors qu’Emmanuel Macron a déclaré qu’il continuerait à présider En Marche ! s'il échoue à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon reste vague sur la suite de sa vie politique. 

  • Combien de personnes en sont membres ?

Là encore, la France insoumise et En Marche ! se ressemblent : pour être considéré comme "un insoumis" ou "un marcheur", seule une inscription gratuite en ligne suffit, où l’on renseigne simplement son adresse mail et son code postal. Ce qui permet aussi de contacter les Insoumis pour aider à l’organisation des meetings en région. À ce jour, le candidat dispose de plus de 400.000 soutiens déclarés via la page d’accueil de son site Internet de campagne. Un chiffre à relativiser, donc, surtout par rapport au PS et à LR où l’adhésion coûte respectivement 20 et 30 euros.

  • Hormis Mélenchon, qui sont les figures importantes du mouvement ?

Jean-Luc Mélenchon est entouré d’un petit cercle de fidèles plus jeunes que lui, parmi lesquels Manuel Bompard, le directeur de campagne, Eric Coquerel, coordinateur du Parti de Gauche, ou encore Alexis Corbière et Raquel Garrido, porte-parole, ainsi que Sophia Chikirou, chargée de la communication. Côté numérique, Bastien Lachaud a permis au candidat de se faire remarquer sur sa chaîne YouTube et grâce à ses interventions sur le jeu vidéo. Décédé en 2015, son "fils spirituel" François Delapierre a aussi joué un rôle dans le parcours du député européen.

Alexis Corbière, Sophia Chikirou, Manuel Bompard et Eric Coquerel, quatre fidèles de Jean-Luc Mélenchon.

Alexis Corbière, Sophia Chikirou, Manuel Bompard et Eric Coquerel, quatre fidèles de Jean-Luc Mélenchon. Montage AFP

Un commando à l’assaut de l’Élysée ? Pas totalement, car le candidat Mélenchon s’appuie également sur des contributions de nombreux spécialistes thématiques comme celles de Liêm Hoang-Ngoc et Jacques Généreux, économistes auparavant encartés au Parti socialiste. En revanche, derrière ces figures que l’on voit souvent dans les médias, le mouvement n’a pas autant de responsables "connus" que le PS ou les Républicains pour défendre la parole du premier des Insoumis.

  • Va-t-il présenter des candidats aux élections législatives ?

Oui, et c’est en partie pour ça que les relations sont tendues avec les communistes : Jean-Luc Mélenchon a décidé de présenter des candidats dans des circonscriptions déjà investies par des candidats communistes, alors même le PCF soutient la campagne présidentielle du leader de la France insoumise. Une situation inacceptable pour l’aile peu favorable à Jean-Luc Mélenchon du Parti communiste. À l’automne, le mouvement avait déjà pour objectif de "présenter des candidat-e-s dans toutes les circonscriptions du pays", avec également une charte à signer, mais des députés communistes sortants ont protesté : selon cette dizaine de parlementaires, la présence d’un candidat insoumis face à eux pourrait les empêcher de retourner siéger à l’Assemblée nationale.

Depuis, des discussions ont eu lieu Place du Colonel-Fabien et les communistes ont obtenu que plusieurs candidats de la France insoumise se retirent face à eux. Sans leur faciliter la tâche au plan national : avec des candidats comme le journaliste amiénois François Ruffin, la France insoumise veut (aussi) réussir ses législatives, avec ou sans l’aide de ses anciens alliés.