Chômage : Sapin contre une baisse des allocs

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Fabienne Cosnay , modifié à
Contrairement à Charles Beigbeder, le ministre du Travail n'y est pas favorable.

La question. Quelles solutions pour vaincre le chômage ? Sur Europe 1, le ministre du Travail Michel Sapin a répondu aux initiatives proposées vendredi par Véronique Descacq, secrétaire générale adjointe de la CFDT et Charles Beigbeder, chef d’entreprise,tous deux invités d'Europe 1 dans le cadre d'une matinale spéciale consacrée au chômage.

Une baisse des allocations chômage ? Le chef d'entreprise Charles Beigbeder, fondateur de Poweo et secrétaire national UMP, a plaidé pour l'introduction "de la dégressivité dans les allocations chômage". Concrètement, les allocations devraient diminuer à partir de six mois de chômage "pour inciter les demandeurs d'emplois à retourner sur le marché du travail". "Un délai très court", admet Charles Beigbeder, "mais lorsque l'on perd son emploi, il faut se mobiliser très vite, car plus on attend, plus le risque est grand d'être déconnecté du marché du travail", estime-t-il.

Un non ferme de Sapin. Michel Sapin a adressé une fin de non-recevoir à cette proposition."C'est une vieille sérénade d'une partie du patronat français. Vous pensez que c'est au moment où le chômage augmente qu'il faut diminuer le niveau des allocations de chômeurs ? Vous pensez que les 38.000 chômeurs supplémentaires ce mois-ci voulaient être au chômage, qu'ils ont refusé un emploi ? Ce n'est pas la réalité, ce n'est pas la solution", s'est exclamé le ministre du Travail.

Développer la formation professionnelle ? Pour Véronique Descacq, la solution se trouve dans une meilleure adéquation entre offres et demandeurs. "Aujourd'hui en France, il y a 500.000 offres d'emplois qui ne sont pas pourvues", a-t-elle souligné. "Il faut mettre les demandeurs d'emplois en face de ces offres", a-t-elle proposé. Pour cela, il faut travailler avec "tous les acteurs et faire bouger la tuyauterie de l'accès à la formation professionnelle, afin de faire coller la qualification des salariés aux offres d'emplois sur le territoire", assure la syndicaliste.

"Indispensable" répond Sapin. "La formation professionnelle des chômeurs, oui, c'est une politique indispensable ! Il faut augmenter les moyens en faveur de la formation de ceux qui sont au chômage, qu'ils trouvent un emploi, éventuellement dans un autre secteur que celui où ils ont perdu leur emploi", lui a répondu Michel Sapin. Le ministre du Travail a rappelé que cette réforme de la formation professionnelle fait partie des engagements pris par François Hollande, le 4 mars. Un projet de loi doit être déposé d'ici la fin de l'année. Objectif numéro un de cette réforme : permettre qu'un chômeur sur deux se voie proposer une formation dans un délai de deux mois après la perte de son emploi contre un quart aujourd'hui. Mais il va falloir être patient, a prévenu Michel Sapin. "Des chantiers comme ceux-là ne portent pas leurs fruits tout de suite ! 2014, 2019, c'est la bonne voie, c'est que nous voulons", a t-il conclu.