Ce document qui montre que la diminution des APL aurait bien été décidée sous Hollande

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Emmanuelle Cosse a assuré sur LCI que le gouvernement dont elle a fait partie n'était pas à l'origine de la diminution des aides au logement. © STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
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R.Da.
Les membres du gouvernement se livrent depuis plusieurs jours à une passe d'armes avec leurs prédécesseurs quant à la paternité de la baisse contestée des aides au logement.

C'est un refrain récurent après la mise en place d'un nouveau pouvoir ; l'équipe aux manettes imputant souvent les premières difficultés auxquelles elle se retrouve confrontée au passif laissé par la précédente majorité. Et l'ère Macron ne semble pas devoir échapper à cette tendance : après avoir présenté en urgence un plan d'économie de 4,5 milliards d'euros, au prétexte d'un trou laissé dans le budget 2017, l'exécutif renvoie désormais l'origine de la baisse annoncée des APL – une mesure décriée par les syndicats étudiants – au gouvernement de François Hollande. Plusieurs anciens ministres ont récusé cette responsabilité, mais un document révélé lundi par BFM TV tend à montrer l'inverse.

Une paternité contestée. Le gouvernement a annoncé samedi une baisse de 5 euros par mois des aides personnalisées au logement à partir du mois d'octobre. L'objectif : réaliser 140 millions d'euros d'économies. "La baisse des APL a été votée par la précédente majorité mais n’a jamais été mise en place. Nous prendrons les mesures votées par le Parlement", avait déjà prévenu le 12 juillet, devant la commission des Finances de l'Assemblée nationale, Gérald Darmanin, le ministre des Comptes publics. De quoi faire monter au créneau Emmanuelle Cosse, l'ex-ministre du Logement, qui a déclaré samedi sur LCI : "Il raconte n’importe quoi et ça suffit que monsieur Darmanin essaie toujours de trouver des cache-sexes pour défendre des mesures d’économies". Et Christian Eckert, dernier secrétaire d'Etat au Budget de François Hollande, d'abonder le lendemain auprès du Parisien : "Nous ne l'avons jamais envisagée. Jamais. Je suis formel. Elle ne nous semblait pas juste".

 

La lettre de cadrage des services de Manuel Valls. Alors qu'Emmanuel Macron et Edouard Philippe ont enregistré ce week-end une très forte baisse de leur popularité, le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, a voulu balayer les critiques, renvoyant encore la balle dans le camp de la précédente majorité. "C'est difficile, c'est douloureux, 5 euros, ce n'est pas rien pour des personnes en grande difficulté", a-t-il reconnu lundi au micro de RMC, affirmant : "La réalité c'est quoi ? C'est que le gouvernement [sous François Hollande, ndlr] avait prévu cette mesure, on était à l'approche [de la période, ndlr] électorale, il ne l'a pas mise en œuvre, mais par contre n'a pas mis les crédits en face". Et d'ajouter : "Il y a la lettre de cadrage qui a été envoyée par Manuel Valls au ministre du Logement et qui a été préparée par monsieur Eckert qui prévoyait cela. Si monsieur Eckert le souhaite, il pourra demander à ce que cette lettre soit publique".

BFM TV n'a pas attendu la réponse de l'ex-ministre pour se procurer et publier le fameux courrier. Dans ce texte, daté du 25 juillet 2016, et adressé par les services du Premier ministre de l'époque à la ministre du Logement, en l'occurrence Emmanuelle Cosse, il est largement question du "rétablissement des comptes publics", en vue d'atteindre en 2017 "un déficit public à un niveau inférieur à 3% du PIB", objectif fixé par Bruxelles. Il y est explicitement question des aide particulières au logement, et plus notamment d'"une mesure transversale à hauteur de -156 millions d'euros portant sur les paramètres des prestations d'APL, garantissant la soutenabilité du dispositif sans remise en cause des conditions d'attribution". BFM TV précise que la baisse alors envisagée devait s'appliquer à tous les bénéficiaires des aides au logement.

lettre bfmtv

© Capture BFM TV

Un "document de travail". Sur son blog, Christian Eckert a réagi une nouvelle fois, expliquant qu'il s'agit d'"extraits de documents de travail", mettant en place des pistes "pour élaborer la loi de finances de 2017 avant sa finalisation en septembre 2016 et avant sa discussion au Parlement d'octobre à fin décembre 2016". Il conclut : "Le gouvernement a le droit de décider une mesure très largement décriée. Il ne peut en rejeter la paternité sur ses prédécesseurs qui ne l'ont pas décidée et pas présentée au Parlement".