Castaner à la tête de LREM, le bon calcul de Macron

Castaner
Christophe Castaner est candidat à la direction déléguée de La République en marche! © Bertrand GUAY / AFP
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Élu de terrain, apprécié des parlementaires comme des marcheurs, l'actuel porte-parole du gouvernement coche toutes les cases pour diriger le parti.

C'était pressenti, c'est désormais confirmé. Christophe Castaner est candidat au poste de "délégué général" de La République en marche!. L'actuel porte-parole du gouvernement l'a annoncé mercredi, sur RTL, précisant qu'il avait la bénédiction d'Emmanuel Macron. Il lui reste encore à réunir les parrainages nécessaires, ceux de 60 adhérents LREM membres du Conseil du parti, dont 30 députés, 3 sénateurs, 10 référents territoriaux et 5 élus non parlementaires, et à déposer son dossier, mais les choses sont bien engagées. Avec l'accord du président lui-même, Christophe Castaner n'aura aucun mal à s'imposer lors de l'élection interne, le 18 novembre prochain.

Mais il n'y a pas que l'onction présidentielle pour expliquer le boulevard qui s'ouvre désormais devant le député des Alpes-de-Haute-Provence. Celui-ci coche toutes les cases pour prendre la direction du parti. Loyal, expérimenté, il est aussi ancré dans les territoires et apprécié de toutes les strates des adhérents de LREM.

Il est là depuis le début

Au même titre qu'un Richard Ferrand ou un Benjamin Griveaux, Christophe Castaner est un marcheur de la première heure. Rapporteur de la loi Macron en 2015, le député –socialiste au départ- des Alpes-de-Haute-Provence a ensuite été de tous les meetings, infatigable et débonnaire porte-parole pendant l'intégralité de la campagne.

Le pedigree parfait pour reprendre les rênes d'un parti sans grand élan depuis la fin de la période électorale. "C'est important d'avoir quelqu'un qui a l'historique du mouvement, qui connaît la philosophie avec laquelle on a construit ce mouvement et les raisons pour lesquelles les gens nous ont rejoints", explique Benjamin Griveaux sur Europe 1. "On a besoin de gens qui étaient là dès le départ."

Entendu sur europe1 :
C'est important d'avoir quelqu'un qui a l'historique du mouvement, qui connaît la philosophie avec laquelle on l'a construit.

Il est expérimenté

Autant la jeunesse, la fraîcheur et l'appartenance à la société civile ont pu être un atout pour les candidats LREM aux législatives, autant pour prendre la direction du parti, l'expérience prime. "Il faut quelqu'un qui ait une structuration politique", soulignait il y a quelques jours la députée LREM Brigitte Bourguignon, l'une des rares à avoir déjà un mandat derrière elle. "Car pour l'instant, le parti est composé d'une génération quasi spontanée du militantisme." "Christophe Castaner est la personne la mieux à même de structurer notre mouvement et le développer", abonde l'élu de Haute-Garonne Mickäel Nogal.

Préparer les prochaines échéances électorales, européennes et municipales, ne sera pas une mince affaire. Avoir le cuir épais est aussi indispensable pour faire face aux autres chefs de parti que sont (ou seront) Marine Le Pen au FN et Laurent Wauquiez chez LR.

C'est un élu de terrain

Si Emmanuel Macron ne cesse de répéter qu'il est né à Amiens, son image de Parisien lui colle à la peau. Il en va de même de la plupart des membres de sa garde rapprochée. L'échec pour LREM des municipales, élection indirecte qui repose sur un important maillage au niveau local, a illustré le manque de réseau du parti en région. "Il fallait donc quelqu'un qui incarne les territoires" comme délégué général, insiste Brigitte Bourguignon.

Cet aspect a beaucoup joué en la faveur de Christophe Castaner, bien implanté dans son fief de Forcalquier, par rapport à d'autres candidats pressentis comme Julien Denormandie ou Benjamin Griveaux –lequel a certes été élu de Saône-et-Loire, mais reste étiqueté, comme Emmanuel Macron, Parisien avant tout. Avec son accent chantant et sa chaîne en or qu'il a refusé d'enlever, Christophe Castaner respire mieux le terroir.

" Il fallait quelqu'un qui incarne les territoires. "

Et ce n'est pas seulement une question d'image. "C'est aussi un élément important, l'historique personnel de Christophe", note Benjamin Griveaux, rappelant que l'ancien candidat aux régionales en Paca s'était désisté pour faire opposer un front républicain à Marion Maréchal-Le Pen. Pendant la campagne présidentielle, à Toulon, "il avait donné un discours particulièrement touchant, imprégné de cette élection régionale dans laquelle il a été confronté au Front national. Pour moi, c'est ça, Christophe Castaner. Il aura ce talent-là à la tête de LREM."

Il est très apprécié de tout le monde

Être à la tête du parti, c'est entretenir de bonnes relations avec tout le monde, des ministres aux référents territoriaux en passant par les parlementaires. "Le délégué général de LREM est la voix de l'ensemble des adhérents. Christophe Castaner est proche des marcheurs et très apprécié", confirme Mickaël Nogal, qui accordera son parrainage à son collègue des Alpes-de-Haute-Provence sans hésiter.

Un atout, et pas des moindres, alors que LREM a dû faire face, cet été, à des petits coups de semonce venus de sa base, notamment en raison de statuts jugés trop peu démocratiques. Et que certaines investitures aux législatives, notamment celles issues de compromis avec le MoDem, ont pu laisser un goût amer aux marcheurs de la première heure. Le nouveau délégué général sera chargé de veiller à ce que ne naissent pas de nouvelles tensions.

Finalement, le seul défaut notable de Christophe Castaner était d'avoir déjà un emploi du temps bien rempli au gouvernement. Ministre des Relations avec le Parlement, il est également porte-parole. Si rien, dans les statuts de LREM, ne lui interdit de garder son portefeuille, "Casta" va sûrement devoir abandonner le porte-parolat. Une fois est bien coutume, c'est Emmanuel Macron qui tranchera, avertit Benjamin Griveaux. "C'est une décision qui appartient au Premier ministre et au président de la République."