Cancers : "La balance bénéfice/risque est toujours favorable aux implants mammaires pour les femmes", rassure Agnès Buzyn

Agnès Buzyn sur Europe 1
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Anaïs Huet , modifié à
L'Agence du médicament a détecté une cinquantaine de cas de cancers très rares chez des femmes porteuses d'implants mammaires à enveloppe texturée. Sur Europe 1, Agnès Buzyn a voulu rassurer.
INTERVIEW

L'Agence du médicament (ANSM) va réévaluer début 2019 la sûreté des implants mammaires, utilisés en chirurgie esthétique et reconstructrice, après avoir recensé des cas d'une forme rare de cancer chez des femmes qui en portent. Au micro d'Audrey Crespo-Mara vendredi matin sur Europe 1, Agnès Buzyn a tenu à rassurer ces femmes.

"Très peu de risques". "Aujourd'hui, il y a entre 400.000 et 500.000 femmes qui portent des implants mammaires en France. Il y a une cinquantaine de cas sur une dizaine d'années, donc ça représente très peu de risques", note la ministre de la Santé. "La balance bénéfice/risque, entre guillemets, est toujours favorable aux implants pour les femmes qui ont, par exemple, besoin d'une reconstruction mammaire après un cancer." Dans le détail, sur 500.000 femmes porteuses d'implants en France, 53 cas de lymphomes anaplasiques à grandes cellules (LAGC) ont été recensés depuis 2011, concernant essentiellement des implants à enveloppe texturée. Ces derniers représentent 85% du marché français, contre 15% pour les implants à enveloppe lisse.

"Il faut savoir que, de toute façon, les femmes qui ont des prothèses, en changent au cours de leur vie parce que l'implant se fissure. Il peut y avoir des fuites, etc. En moyenne, les femmes ont trois implants au cours de leur vie", précise Agnès Buzyn. 

Les recommandations de l'ANSM à l'étude. Pour l'heure, le ministère de la Santé est "en train de reprendre les recommandations" de l'ANSM "pour savoir ce qu'il faut proposer aux femmes." Ces éventuels actes médicaux seront-il remboursés ? "Je ne sais pas. Je ne peux pas prendre de décision aujourd'hui", répond l'hématologue. "Nous allons voir quelles sont les recommandations, mais aujourd'hui, les risques sont très faibles, et je rappelle que tout implant, toute prothèse, comme tout médicament, expose à un risque. Il n'y a pas de risque zéro." 

Toutefois, Agnès Buzyn, qui fut par le passé présidente de l'Institut national du cancer, incite les femmes à la vigilance. "Quand on a le moindre signe au niveau d'un sein - une inflammation, une douleur, un sein qui grossit - il faut aller consulter."

Que va faire l'ANSM ?

L'Agence du médicament réunira les 7 et 8 février 2019 un comité d'experts chargé d'auditionner des patientes, des professionnels de santé et autres acteurs concernés pour bénéficier d'un éclairage global sur l'utilisation de ces implants.

Après l'avis de ce comité d'experts, "l'ANSM prendra une décision sur l'utilisation notamment des implants mammaires à enveloppe texturée, en chirurgie esthétique et reconstructrice". Cette décision devrait intervenir dans les semaines qui suivront l'avis, a précisé l'ANSM. En attendant, "l'ANSM recommande aux professionnels de santé d'utiliser de préférence des implants mammaires à enveloppe lisse".