Cahuzac : l'UMP choisit la modération

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Fabienne Cosnay , modifié à
Les ténors du parti estiment que Cahuzac a pris la bonne décision. Sans toutefois l'accabler.

Des réactions prudentes. C'était le 6 janvier. Invité du Grand Rendez-Vous Europe 1/I-Télé/ Le Parisien, Jérôme Cahuzac saluait le comportement de l'opposition à son égard. "Par son attitude, elle a puissamment contribué à grandir le débat politique, et surtout à comprendre qu'il y a des choses importantes et qu’il faut savoir laisser le vulgaire ou l’accessoire", avait commenté le ministre délégué du Budget. Qu'en est-il aujourd'hui ? Mis à part Laurent Wauquiez, les ténors de l'UMP ont choisi de rester modérés et prudents dans leurs réactions, après l'annonce de la démission de Jérôme Cahuzac.

S'ils estiment que la décision prise par le ministre délégué du Budget "s'imposait", les principaux responsables du parti ont insisté sur le respect de la présomption d'innocence. "La situation de Jérôme Cahuzac n'était évidemment plus tenable au sein de ce gouvernement", a déclaré Jean-François Copé. "Maintenant, je respecte la présomption d'innocence et comme il y a une enquête judiciaire qui vient d'être ouverte, je ne ferai pas de plus amples commentaires", a pris soin d'ajouter immédiatement le président de l'UMP. "Jérôme Cahuzac a pris la décision qui s'imposait (….) Je ne suis pas là pour jeter la pierre à tel ou tel. J'ai confiance en la justice", a renchéri le patron des députés UMP, Christian Jacob, interrogé dans les couloirs de l'Assemblée.

Certains saluent même son travail. Sur BFM-TV, l'ancien ministre de l'Intérieur Claude Guéant a salué "un ministre du budget très sérieux". Sur son compte Twitter, Dominique Bussereau lui a adressé "une pensée amicale", soulignant "le talent" de Jérôme Cahuzac. François Baroin a dit son "estime" et son "respect" pour celui qui était un "adversaire politique compétent, talentueux, loyal".

 

Wauquiez, seul à charger. Dans ce concert de réactions prudentes et modérées, seul Laurent Wauquiez a fait entendre sa voix dissonante. L'ancien ministre UMP a estimé que Jérôme Cahuzac "aurait dû démissionner plus tôt", en raison des "soupçons de collusion et de conflits d'intérêt" qui pèsent sur lui. Et le député de Haute-Loire de pointer la responsabilité du duo exécutif. "On peut regretter que ni François Hollande, ni Jean-Marc Ayrault, ni Jérôme Cahuzac n'aient tiré plus tôt les conséquences de tout cela", a-t-il conclu.

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Ne pas faire comme le PS à l'égard de Woerth. Dans leurs réactions, les responsables de l'UMP ont pris soin de rappeler qu'ils n'avaient, eux, jamais accablé Jérôme Cahuzac, contrairement au PS à l'égard d'Eric Woerth, mis en cause dans l'affaire Bettencourt. "Nous n'avons jamais eu à l'UMP de comportement tel que le PS a eu à l'égard d'Eric Woerth. Nous avons toujours respecté la présomption d'innocence", a souligné Nadine Morano. "Je veux juste faire remarquer que dans cette affaire, la droite a fait preuve d'une retenue qui nous honore tous. Là où en d'autres temps, pour des faits qui n'étaient pas avérés, sans qu'il y ait parfois eu la moindre enquête judiciaire, la gauche s'était livrée à des attaques de personnes scandaleuses et d'une extrême violence", a martelé Jean-François Copé. L'UMP va-t-elle tenir dans ce registre modéré ? Premiers éléments de réponse, mercredi, à l'Assemblée, lors de l'examen de la motion de censure.