Bygmalion : Sarkozy charge Copé

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L’actuel patron des Républicains assure que l’ancien patron de l’UMP était tenu au courant des dépassements de ses frais de campagne.

"Dans cette affaire terrible, je veux vous le dire une nouvelle fois, mon intégrité est totale". Voilà ce qu’a écrit Jean-François Copé aux militants de l’UMP, en pleine affaire Bygmalion, en mai 2014. On imagine sans peine sa réaction à la lecture du Nouvel Obs de cette semaine. L’hebdomadaire relate le passage de Nicolas Sarkozy devant les enquêteurs de la brigade anticorruption, le 4 septembre dernier. Et l’ancien président a chargé Jean-François Copé.

"La maîtrise des coûts relevait de la responsabilité de mon équipe".Pendant les sept heures d’audition, Nicolas Sarkozy, agacé d’être questionné sur des faits dont, dit-il, il ignorait tout, a assuré que le système de fausses factures mis en place entre Bygmalion et l’UMP ne pouvait être qu’à l’initiative de son équipe de campagne : "j'étais préoccupé [par le fait] de gagner les élections. Quant à la maîtrise des coûts, elle relevait de la responsabilité de mon équipe."

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"J’observe qu'il en parlait à Jean-François Copé". Puis est venu le moment de ce SMS gênant envoyé le 28 avril 2012 - soit moins d'une semaine avant le deuxième tour de la présidentielle - par Jérôme Lavrilleux, son ex-directeur de campagne adjoint (photo), à Guillaume Lambert, le directeur de la campagne : "Nous n'avons plus d'argent. JFC [Jean-François Copé, NDLR] en a parlé au PR [le président de la République, NDLR]." Nicolas Sarkozy était donc au courant de la situation ? Non. "J'ignorais que Jean-François Copé était tenu informé de mon compte de campagne par Jérôme Lavrilleux. Il ne m'en a en tout cas jamais parlé. Mais j'observe qu'il en parlait à Jean-François Copé", a-t-il lâché. Le tacle est violent. Selon Nicolas Sarkozy, le président de l’UMP d’alors a couvert les dépassements des frais de campagne.

"Un préjudice immense". Et pour être certain que le message soit bien entendu par les enquêteurs de l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF), l'actuel patron des Républicains en a remis une couche : "Partout où est passé Jean-François Copé, il a pris Bygmalion." Et parce qu’en politique le chacun pour soi règne, Nicolas Sarkozy a conclu son audition par son cas personnel : "le préjudice qui m'est fait pour ma réputation par cette scandaleuse affaire Bygmalion est immense."