Béziers : Ménard fait adopter un référendum qui a peu de chance de voir le jour

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avec AFP , modifié à
Robert Ménard a fait adopter en conseil municipal un projet de référendum sur l'accueil de migrants à Béziers, quand l'Etat est seul habilité à pouvoir organiser ce type de scrutin.

Robert Ménard, le maire de Béziers proche du FN, a fait adopter mardi soir en conseil municipal un projet de référendum sur la présence de migrants qui a peu de chance de voir le jour. Au terme d'un long débat, 36 des membres du Conseil municipal se sont déclarés pour la délibération, cinq contre tandis que sept n'ont pas pris part au vote.

Une compétence de l'Etat. Avant le début du conseil, Robert Ménard avait annoncé qu'il maintenait son projet alors que le préfet de l'Hérault Pierre Pouëssel l'avait dans une lettre "invité" à "retirer de l'ordre du jour cette délibération". Le préfet rappelait que le conseil municipal "ne peut empiéter sur les compétences de l'Etat, ce qui est le cas en l'espèce".  "Je me dois dès à présent de vous indiquer que si cette délibération venait à être adoptée, je serais conduit à en demander la censure par le juge administratif par la voie d'un référé-suspension", prévenait-il.

"Je ne suis pas prêt à recevoir des migrants". La préfecture avait déjà dû avoir recours au Tribunal administratif de Montpellier à propos de la "garde biterroise" ou du test ADN des chiens, des mesures polémiques proposées par Robert Ménard qui ont été retoquées par la justice. "Pour aller jusqu'au bout des choses, je vais maintenir le référendum et j'irai moi-même le défendre s'il le faut contre l'Etat", a déclaré Robert Ménard lors d'une conférence de presse donnée avant le conseil. "Non, je ne suis pas prêt à recevoir des migrants dans ma ville".

Manifestation de l'opposition. Une centaine de manifestants ont protesté devant l'hôtel de ville de Béziers contre ce projet. "Plus jamais ça", "Migrants bienvenus, référendum non", pouvait-on notamment lire ou entendre dans cette manifestation organisée par SOS Racisme, le PCF ou encore Ensemble. "Ce n'est pas de gaité de coeur que je vais dans l'amphithéâtre du conseil municipal pour défendre encore une fois les idées de liberté que l'on refuse à certains", a pour sa part déclaré Aimé Couquet (PCF). "Béziers a toujours été une terre d'accueil et doit le rester".

Campagne d'affichage. Au début du Conseil municipal, une vingtaine d'opposants dont certains avaient hurlé "Ménard démission" ou "Ménard facho" ont été expulsés de la salle par des policiers municipaux et nationaux. Coutumier des polémiques, l'ex-président de Reporters sans frontières avait lancé le 11 octobre dernier une campagne d'affichage contre l'agrandissement programmé de 40 places du Centre d'accueil de demandeurs d'asile (Cada) de Béziers.

"Ça y est ils arrivent... Les migrants dans notre centre-ville", pouvait-on lire sur ces affiches, qui ont depuis été retirées et sur lesquelles apparaissent des hommes noirs ou à la peau mate, barbus ou la tête couverte d'une capuche, massés devant la cathédrale Saint-Nazaire sous la phrase: "L'État nous les impose". La délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme (Dilcra) a saisi le parquet de Béziers à propos de cette affiche. Le parquet de Béziers a ouvert une enquête confiée au service régional de police judiciaire de Montpellier.