Benoît Hamon veut lutter contre la concentration des médias

Benoît Hamon a jugé qu'il n'était pas nécessaire de réduire le nombre de chaînes du service public.
Benoît Hamon a jugé qu'il n'était pas nécessaire de réduire le nombre de chaînes du service public. © GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
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avec AFP , modifié à
Benoît Hamon veut imposer un plafond aux grands groupes pour qu'ils ne possèdent pas trop de parts dans un seul média.

Benoît Hamon veut lutter contre la concentration des médias en interdisant à un groupe de détenir "plus de 40% du capital d'une entreprise de médias" ou de "dépasser le seuil de 20% dans plus de deux médias", a déclaré le candidat socialiste. "Nous ne pouvons pas continuer avec une situation de surconcentration des médias", a-t-il averti devant quelque 300 professionnels venus aux Rencontres de l'Udecam, qui représente les agences médias.

La colère du directeur de Canal+. Cette proposition, qui figure dans le programme de Benoît Hamon, a fait vivement réagir Maxime Saada, directeur général de Canal+, filiale du groupe Vivendi de Vincent Bolloré qui possède aussi le quotidien Direct Matin ou encore DailyMotion. "Où est la dimension économique" dans les propositions de Benoît Hamon ? "Il y a un petit sujet de rentabilité, car une société qui ne gagne pas d'argent finit par mourir", a rétorqué Maxime Saada lors d'un table ronde après le discours de Benoît Hamon. Et sur l'idée de limiter les participations à 40% et 20% pour deux médias, "qui détiendra les 60% ou 80% restants ? Les groupes américains je suppose ?", a-t-il lancé. 

Conflit d'intérêt. Benoît Hamon a de son côté fustigé, sans les désigner directement, le groupe Bolloré qui a fait publier "une trentaine d'articles" sur son service de véhicules en autopartage Autolib dans le titre gratuit Direct Matin, qu'il contrôle, et ceux qui dépendent "de la commande publique d'une main et contrôlent une chaîne de télévision", comme notamment TF1. Il a aussi souhaité que les conseils d'administration des groupes audiovisuels publics nomment leur président plutôt que le CSA, "sur le modèle de l'AFP". "Il faut modifier leurs conseils d'administration et que cette compétence leur revienne, et ne soit plus celle exclusive du CSA dont ont peut considérer qu'il est juge et partie", a estimé le candidat.

Créer des nouveaux médias indépendants. Benoît Hamon a jugé qu'il n'était pas nécessaire de réduire le nombre de chaînes du service public. Autre proposition, il a suggéré d'aider à la création de nouveaux médias indépendants grâce à des fonds de dotation et de créer un nouveau "statut de sociétés de médias à but non lucratif". En revanche il a indiqué qu'il "hésitait encore" sur le sujet d'une suppression totale de la publicité sur France Télévisions, en disant qu'il souhaitait un tel objectif mais que "dans l'immédiat il serait difficile" de se passer de cette "recette importante". Il a aussi plaidé pour un maintien de la redevance avec une assiette élargie notamment aux résidences secondaires.

Renforcer la protection des sources. Pour les médias à but non lucratif, Benoît Hamon veut que chaque don de particuliers soit abondé par l'Etat, afin de favoriser un "financement citoyen". Quant aux aides à la presse, il prône leur maintien mais en les rendant "plus lisibles". Benoît Hamon a également indiqué qu'il voulait renforcer la protection des sources des journalistes. Il veut également "plus de coopération et de synergies entre l'Arcep et le CSA" et une "amélioration de la régulation" des médias sur internet. Le candidat a aussi souhaité une meilleure taxation des géants de l'internet ("GAFA") en France, pour les faire participer à la défense de l'exception culturelle française.