Au PS, l'après-Hollande se prépare déjà

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Louis Hausalter et Alexandre Kara , modifié à
GUERRE DES EGOS - Ils sont de plus en plus nombreux, à gauche, à avoir fait une croix sur la réélection du président en 2017.

L'heure serait-elle au suicide collectif au Parti socialiste ? Alors que les anciens ministres Benoît Hamon et Aurélie Filippetti ont sorti la sulfateuse pour critiquer une nouvelle fois la politique de l'exécutif, Manuel Valls a lui aussi jeté un pavé dans la mare, mercredi. Dans une interview à L'Obs, le Premier ministre affirme vouloir "en finir avec la gauche passéiste", et a de nouveau ouvert la porte à un changement de nom du PS.

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"Une faute", s'est étranglé Claude Bartolone, jeudi sur RTL. "Concentre-toi sur ton travail de Premier ministre", a ajouté le président de l'Assemblée nationale à l'adresse de Valls. Une faute parce qu'on participe à un débat ?", a rétorqué le locataire de Matignon sur BFMTV.

Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a bien tenté de calmer la zizanie. Dans une déclaration à la presse, jeudi, il a lancé un "appel solennel à l'unité des socialistes", déplorant le "triste spectacle de la surenchère".

Certains ont déjà enterré Hollande. Pas sûr que cette exhortation refroidisse les ardeurs. Mais en réalité, si beaucoup de socialistes jouent dès aujourd'hui la carte de la défaite, c'est tout simplement parce qu'ils ont déjà tracé une croix sur François Hollande et la présidentielle de 2017.

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C'est vrai depuis longtemps pour Manuel Valls, qui cible déjà la présidentielle de 2022, sans trop s'en cacher. Avec son interview dans L'Obs, il a une nouvelle fois joué sa partition en solitaire, se posant en homme courageux qui n'hésite pas à défier le PS. Un entretien qui a des allures de profession de foi pour l'Elysée. N'hésitant pas à critiquer le début du quinquennat - "il y a eu des mauvais choix" -, Manuel Valls adopte à nouveau la posture "plus-réformiste-que-moi-tu-meurs", par exemple en mettant sur la table l'idée du contrat unique.

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Les anciens ministres à l'attaque. Sur l'aile gauche du PS, cette fois, Benoît Hamon et Aurélie Filippetti tracent eux aussi leur sillon. Les deux anciens ministres qui, il y a encore quelques semaines, cautionnaient la politique du gouvernement, jouent désormais les tontons flingueurs pour ne pas se laisser dépasser par Martine Aubry. Depuis la rentrée, cette dernière a déjà mis plusieurs fois les pieds dans le plat, n'hésitant pas à étriller elle aussi la ligne de l'exécutif.

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Une primaire pour 2017 ? L'après-Hollande est donc déjà dans toutes les têtes au PS, et certains osent le dire ouvertement. Ainsi, Gérard Collomb, le sénateur-maire de Lyon, a réclamé mardi une primaire pour 2017 si François Hollande reste aussi impopulaire. "Si effectivement, lorsqu'il y aura la désignation, il y a seulement 17% (des Français, ndlr) qui veulent qu'il se représente, je ne le vois pas se représenter", a-t-il asséné sur Public Sénat.

L'ancien Premier ministre socialiste Michel Rocard a, lui, carrément recommandé à Hollande de ne pas se représenter. "Je ne pense ni qu'il le souhaite, ni qu'il le puisse. Et moi-même, je le lui déconseillerais", a-t-il affirmé, mercredi sur Canal+.

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"Il n'y aura pas de deuxième mandat pour toi". Quant à l'ancienne ministre Delphine Batho (photo), elle se fait encore plus cinglante. Dans son livre Insoumise (Grasset), elle s'adresse ainsi au chef de l'Etat : "au fond, tu le sais bien, il n'y aura pas de deuxième mandat pour toi". Alors que François Hollande en est à peine à la moitié de son quinquennat, les deux ans et demi à venir risquent de durer une éternité pour certains au PS.

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