Affaire Omar Raddad : pourquoi l’identification du suspect prend autant de temps ?

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Pour s'assurer de la correspondance des deux ADN, les experts ont besoin de procéder à un prélèvement sur le suspect. © MEHDI FEDOUACH / AFP
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Les enquêteurs seraient sur le point de se lancer à la recherche de l'individu dont le nom est soudainement apparu, il y a deux semaines, dans l'affaire du meurtre de Ghislaine Marchal en 1991.

La justice s’apprêterait à donner l’ordre à la gendarmerie nationale de localiser et de procéder à l’arrestation de l’individu dont le nom est récemment apparu dans l’affaire Omar Raddad, révèle 20 minutes. Il y a un peu moins de deux semaines, cette affaire de meurtre qui a défrayé la chronique dans les années 1990 connaissait un rebondissement de taille, les dernières expertises ayant fait apparaître le nom d’un suspect qui ne figurait pas encore dans le dossier. 

Pourquoi l’identité du suspect n’a pas encore été révélée ?

En 2015, de nouvelles traces ADN sont relevées sur les scellés de l’affaire Omar Raddad, c’est à dire sur les deux portes où figurent les fameuses inscriptions en lettres de sang : "Omar m’a tuer" et "Omar m’a t". Le 20 octobre, le procureur de Nice, Jean-Michel Prêtre, confirme une première information de 20 minutes selon laquelle une correspondance est établie entre ces empreintes et celle d’un individu enregistré dans le Fichier national automatisé des empreintes génétiques (Fnaeg). Dans la foulée, des analyses complémentaires sont confiées à un laboratoire nantais, afin de valider cette correspondance.

Que dit le laboratoire ?

"Le meilleur moyen d’en avoir le cœur net, c’est encore d’aller gratter à l’intérieur de la joue de l’intéressé [avec un coton-tige, ndlr]", a déclaré mardi une source proche de l’enquête à 20 minutes. En clair, les experts n'ont pas été pleinement en mesure d’assurer que l’ADN retrouvé, vieux d’un quart de siècle, soit bel et bien celui de l’individu fiché. "Je suis incapable de dire scientifiquement à 100% si l’homme dont on a retrouvé l’ADN sur les pièces à conviction est bien celui qui figure dans le Fnaeg. Il me manque des éléments", a expliqué au quotidien Olivier Pascal, directeur de l’Institut français des empreintes génétiques de Nantes.

Retrouver le suspect peut-il prendre du temps ?

Pour s'assurer de la correspondance des deux ADN, les experts ont donc besoin de procéder à un nouveau prélèvement, directement sur le suspect. "Il faut déjà identifier la personne, s'assurer qu'elle existe", avait indiqué à l'AFP le procureur de Nice, qui était mercredi sur le point d'ordonner l'arrestation de cette personne. Outre que cet ADN puisse être celui d'un journaliste ou d'un policier qui aurait manipulé les scellés, il est notamment possible que l’individu en question soit décédé. "Si cet homme a vraiment quelque chose à se reprocher, j’ai surtout peur qu’il n’ait déjà pris la fuite", a pour sa part confié à 20 minutes Sylvie Noachovitch, l’avocate d’Omar Raddad.

Le 23 juin 1991, Ghislaine Marchal, la veuve d'un riche équipementier automobile, est retrouvée morte à coups de couteau dans sa propriété de Mougins. Deux inscriptions, "Omar m'a tuer" et "Omar m'a t", ont été inscrites avec le sang de la victime sur deux portes de la propriété. Le jardinier de la victime, Omar Raddad, qui a toujours clamé son innocence, a été condamné en 1994 à 18 ans de réclusion criminelle, avant de bénéficier d’une libération conditionnelle quatre ans plus tard, après une grâce présidentielle de Jacques Chirac.