À Fort-de-France, Hidalgo en campagne, mais la population encore loin de la présidentielle

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Anne Hidalgo était en déplacement en Martinique. © Thomas COEX / AFP
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avec AFP
La candidate du Parti socialiste Anne Hidalgo était en déplacement à Fort-de-France, en Martinique, pour sa campagne présidentielle. Elle a reçu un accueil chaleureux de la population pour son dernier jour au Antilles, mais beaucoup ont d'abord reconnu en elle la maire de Paris plus que la candidate.

A Fort-de-France, Anne Hidalgo a reçu un accueil chaleureux de la population lundi pour son dernier jour au Antilles, mais beaucoup ont d'abord reconnu en elle la maire de Paris plus que la candidate à la présidentielle. Dans les rues du chef-lieu de la Martinique, sa visite, entourée de journalistes, ne passe pas inaperçue. "C'est la maire de Paris, Qu'est ce qu'elle vient faire ici?", demande une dame. Une autre se presse pour faire un selfie avec la candidate PS. Mais quand on lui demande si elle sait qui est cette dame en robe verte, elle répond : "C'est une femme importante, on m'a dit que c'était une battante comme moi. C'est une ministre, non ?"

"La présidentielle, ce n'est pas un carnaval, mais pas loin"

On lui précise qu'elle est candidate à la présidence de la République. La dame s'enthousiasme : "alors j'ai bien fait de faire une photo. J'espère qu'elle sera présidente, elle a l'air sympa, et en plus une femme, ce serait bien pour le pays". A un marchand de costumes de carnaval, qui l'invite à participer aux prochaines festivités prévues début mars, Anne Hidalgo répond : "Moi, je prépare la présidentielle, c'est pas un carnaval mais pas loin".

Vu de Paris, où le patron du PS Olivier Faure a de nouveau assuré dans la matinée qu'il ne comptait pas "débrancher" la candidate, la campagne d'Anne Hidalgo, créditée entre 1,5 et 3% des intentions de vote, se poursuit sous les radars dans les Antilles.

Patrick Kanner aux côtés d'Anne Hidalgo

Sur place, l'enthousiasme peut être tout autre. "Anne Hidalgo, Bonjour ! La préférée des Français", s'exclame tout à coup un vendeur qui harangue le client à l'entrée de son magasin. "C'est vous la prochaine présidente, elle est là, elle est là !", crie-t-il, avant de tenter de lui apprendre quelques mots en créole.

A l'entrée du marché couvert de Fort-de-France, un touriste en vacances s'approche. "Chère collègue, bienvenue", lui dit-il, se présentant comme le maire de Saint-Philippe d'Aiguille, une commune de Gironde. "Votre parrainage est parti ?", s'enquiert aussitôt le sénateur Patrick Kanner, présent aux côtés de la candidate. "Oh, vous n'en avez pas besoin", se défausse le maire, un brin gêné.

Hidalgo poussée par l'ancrage local du PS

A la peine dans les sondages mais forte de l'ancrage local du Parti socialiste, Anne Hidalgo disposait jeudi de 790 signatures d'élus. La candidate, qui en a profité pour acheter du colombo et deux petites robes en tissus madras pour ses petites-filles, enchaîne les selfies. Béatrice, une touriste du Maine-et-Loire en vacances, lui demande une photo et lui souhaite "bon courage". "Bien sûr", elle a reconnu la maire de Paris, mais elle l'avoue: elle ne sait "pas du tout" pour qui elle va voter. "On ne s'est pas encore intéressés" à la présidentielle.

Même réponse pour Franck, venu des Pays-de-la-Loire, ravi que son fils de 17 ans ait pu faire une photo. "J'avoue que je ne me suis pas encore plongé là-dedans", dit-il. Un peu plus loin, une Guadeloupéenne revêche interpelle la candidate: "Ne venez pas ici pour parler", lui dit-elle. "Non je viens pour agir", répond la candidate, "nous les femmes, on agit".

La République "a oublié l'égalité réelle en Outre-mer", estime Hidalgo

La dame répond en créole, que si on lui donne 1.000 euros, elle votera pour elle. "On n'achète pas les voix", rétorque sèchement la première secrétaire de la fédération socialiste du PS, Béatrice Bellay, outrée. La dame explique qu'"ici on est pauvre, c'est pour ça que je demande. Il faut qu'on dise ce qu'il se passe". "Ici en Martinique, il y a beaucoup de pauvreté et de jeunes au chômage", reconnaît Anne Hidalgo devant la presse, estimant que la République avait "oublié l'égalité réelle" pour les Outre-mer.

"Quand je vois la situation que vivent nos compatriotes, ça me conduit à ne rien lâcher", assure la candidate. Un peu plus loin son époux, Jean-Marc Germain, a lui aussi fait ses achats. Pour la Saint-Valentin, il a offert à la candidate "trois petits bracelets porte-bonheur". L'un est rose "pour des raisons évidentes", le deuxième bleu blanc rouge, le troisième aux couleurs de la Martinique, vert jaune rouge. "Elle les portera quand elle reviendra ici en tant que présidente", promet-il.