Yvan Colonna s'adresse à famille Erignac et clame son innocence

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Jugé depuis cinq jours à Paris pour l'assassinat du préfet de Corse Claude Erignac en 1998, Yvan Colonna s'est adressé directement vendredi à la veuve, aux enfants et au frère du préfet pour leur assurer son innocence. "Ce n'est pas moi qui ai tué votre mari, votre père, votre frère", a déclaré le berger de Cargèse. Le frère du préfet, Robert Erignac, sa veuve Dominique Erignac, son fils Charles-Antoine, sa fille Christophine ont eux tous déclaré à l'audience qu'ils avaient besoin de savoir la vérité.

"Je sais que c'est difficile pour vous de m'écouter, car cela fait huit ans et demi qu'on dit que je suis l'assassin. D'après ce que j'ai vu dans la presse, vous croyez toujours que c'est moi", ce sont les mots qu'Yvan Colonna a adressé vendredi depuis son box à la famille Erignac. Jugé depuis cinq jours devant la Cour d'assises spéciale de Paris, le berger de Cargèse a redit son innocence. "Je sais que vous avez droit à la vérité, et la vérité, je le dis depuis le début : ce n'est pas moi qui ai tué votre mari, votre père, votre frère", a dit Yvan Colonna. "Croyez bien que je compatis à votre douleur et que je respecte votre deuil", a-t-il ajouté.

Dominique Erignac, la veuve du préfet, Marie-Christophine et Charles-Antoine, ses enfants, son frère Robert, venaient de témoigner à la barre pour évoquer la personnalité du préfet assassiné le 6 février 1998. "Depuis 10 ans, je suis seule et je veux connaître la vérité", a dit Dominique Erignac, en lisant une déclaration : "depuis cette date du 6 février 98, j'ai toujours du mal à rassembler et exprimer ce que je ressens", s'est-elle excusé. "Depuis ce temps, je ne cesse de me poser cette question: pourquoi ?... Je croyais que dans cette région, il y avait un code d'honneur dont les habitants de la Corse sont très fiers". Elle s'en est aussi prise aux complices présumés d'Yvan Colonna, déjà sous les verrous, dont quatre l'ont initialement désigné comme le tueur de son mari, avant de se rétracter, l'un d'entre eux s'accusant même plus tard du meurtre. "J'en ai assez de subir les attitudes des uns et des autres. Tous ces revirements font de ma vie une vie chaotique... (Ils) ne visent qu'à disculper l'un d'entre eux", a-t-elle dit.

Lors de cette même audience, le président de la cour a dévoilé un écrit personnel du préfet Erignac après sa nomination en Corse, où il s'estimait investi d'une "mission impossible", critiquait l'existence de négociations entre le gouvernement Juppé et les clandestins armés indépendantistes et prédisait ses "redoutables conséquences".

Par ailleurs, l'avocat général Yves Jannier est revenu vendredi dès l'ouverture de l'audience sur le témoignage de l'expert médico-légal, Paul Marcaggi. Jeudi, ce dernier a conclu à la barre que l'homme qui a tué de trois balles le préfet Erignac le 6 février 1998 ne pouvait être que de "haute stature", équivalente à celle du préfet, soit 1,83 mètre. Yvan Colonna ne fait qu'1,72 mètre. L'expert a expliqué que la trajectoire des balles mortelles était "quasi-horizontale". Vendredi, l'avocat général a demandé que la cour projette des photos de l'autopsie du préfet, qui démontrent à ses yeux que les conclusions de l'expert sont fausses. La défense a protesté et a demandé que l'expert soit rappelé à la barre, ce que le président a accepté. Il reviendra lundi. La cour a ensuite fait projeter l'intégralité des photos de l'autopsie. Les médecins avaient placé des tiges métalliques dans les orifices créés dans la tête de Claude Erignac par les balles, afin d'en déterminer les trajectoires. Elles semblent sur les photos être ascendantes. La famille Erignac a quitté la salle juste avant cette projection.