Villiers-le-Bel : Sarkozy joue la carte de fermeté

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
S'en prenant aux "donneurs de leçons", Nicolas Sarkozy a estimé que les violences en banlieue parisienne ne relevaient pas d'une "crise sociale" mais d'une forme de "voyoucratie". Le chef de l'Etat s'exprimait devant 2.000 policiers et gendarmes réunis à La Défense, près de Paris. Le dispositif policier est maintenu jeudi soir à Villiers-le-Bel pour prévenir de nouvelles violences.

En réponse aux critiques de l'opposition lui reprochant d'avoir négligé la politique de la ville, Nicolas Sarkozy a confirmé jeudi qu'un plan pour les banlieues serait présenté fin janvier. Mais pas sous la pression des émeutiers, a-t-il souligné. "La réponse aux émeutes, ce n'est pas plus d'argent encore sur le dos du contribuable. La réponse aux émeutes, c'est l'arrestation des émeutiers", a-t-il fait valoir devant 2.000 policiers et gendarmes réunis à La Défense, près de Paris. "Je réfute toute forme d'angélisme qui vise à trouver en chaque délinquant une victime de la société, en chaque émeute un problème social", a-t-il souligné. "Ce qui s'est passé à Villiers-le-Bel n'a rien à voir avec une crise sociale, ça a tout à voir avec la voyoucratie (...) Si nous laissons un petit voyou devenir un héros dans sa cité (...) c'est une insulte à la République et à votre travail."

Parallèlement à son discours de fermeté, Nicolas Sarkozy a rappelé les forces de l'ordre au respect d'une éthique irréprochable, insistant sur la nécessaire "relation de confiance" qui devait être établie avec la population. "Pas de familiarité, de la tenue, respectez les gens, vous devez être exemplaires !", a-t-il lancé devant policiers et gendarmes, en les invitant à éviter le "tutoiement" dont se plaignent des jeunes des quartiers défavorisés.

Le chef de l'Etat a justifié l'ouverture d'une information judiciaire après la mort de deux adolescents lors d'une collision avec une voiture de police à Villiers-le-Bel par le souci de mettre les forces de l'ordre "à l'abri de tout soupçon." Jugeant qu'un degré dans la violence avait été franchi avec l'usage d'armes de chasse dans le Val d'Oise, le chef de l'Etat a répété que l'arrestation des auteurs des tirs devait être une "priorité absolue." "Mettez les moyens que vous voulez, ça ne peut rester impuni", a-t-il lancé à l'adresse des ministres concernés, Michèle Alliot-Marie (Intérieur) et Rachida Dati (Justice.) "Ceux qui cassent, ceux qui brûlent, ceux qui pillent, ceux qui s'en prennent aux forces de l'ordre répondront de leurs actes", a-t-il assuré, s'en prenant aux "donneurs de leçons" qui "ignorent eux ce que c'est d'être en uniforme et face à une bandes d'enragés".

Face aux nouvelles formes de la violence, Nicolas Sarkozy a affirmé qu'il fallait repenser les modes de sécurisation des forces de l'ordre et les doter de moyens technologiques adaptés. Il a ainsi prôné l'utilisation d'une nouvelle génération de flash-ball à plus longue portée - "quarante mètres, c'est mieux que dix" - précisant qu'il assumerait ce choix devant l'opinion publique. Dans le même esprit, Nicolas Sarkozy a jugé anormal que la police ne dispose pas d'hélicoptères, en dehors de ceux de la sécurité civile, par exemple lorsqu'il s'agit "de repérer des stocks d'armes sur les toits."