Un plan d'urgence pour boucher le "trou de la Sécu"

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Le gouvernement a annoncé un plan de redressement d'urgence de la Sécurité sociale mercredi juste après la publication des chiffres du "trou de la Sécu" qui est de 12 milliards d'euros, contre 8 attendus. Les assurés seront mis à contribution et l'utilisation de médicaments génériques devrait être encouragée. Le principe d'une franchise sur les soins devrait être mis en place dans les mois à venir selon François Fillon.

L'objectif affiché par le gouvernement, c'est d'économiser 417 millions d'euros d'ici la fin de l'année et 1,225 milliards d'euros sur une année complète. Et le temps presse car les chiffres publiés mercredi après-midi par la Commission des comptes de la Sécurité sociale sont encore pire que prévus : le "trou" de la Sécu devrait se creuser de 12 milliards d'euros cette année contre les 8 attendus. Après le léger mieux de 2006, le régime général retrouve ainsi ses plus hauts niveaux de 2004 et 2005. Roselyne Bachelot, la ministre de la Santé, et Eric Woerth, le ministre du Budget, ont donc pris la parole dès l'annonce de ces résultats pour lancer un plan de redressement de la Sécurité sociale. En urgence. "C'est une situation inacceptable. L'ensemble du déficit nécessite évidemment une réaction forte sur 2007 mais également une réaction plus générale, plus globale et plus structurante", a ainsi expliqué le ministre du Budget Eric Woerth. Ces propositions de réforme sont en fait calquées sur une note de la Caisse nationale d'assurance maladie publiée le mois dernier. Parmi les mesures les plus importantes, on peut citer le forfait d'un euro non remboursé par acte médical qui devrait être déplafonné, les prestations de santé ne devraient être remboursées qu'à 50% en dehors du parcours de soins, les tarifs des radiologues et des biologistes devraient aussi diminuer et la prise de médicaments génériques devrait être favorisée. La chirurgie ambulatoire, celle qui ne nécessite pas d'hospitalisation, devrait être également développée dès que cela est possible. Le principe de la facturation au tiers payant en échange de l'utilisation de médicaments génériques, déjà testé dans 22 départements, devrait être étendu à tout le territoire. Enfin, le gouvernement a prévu de multiplier les contrôles pour éviter les fraudes notamment avec les arrêts de travail. Toutes ces réformes doivent entrer en vigueur dès cet été. Elles visent principalement les assurés même si la ministre de la Santé Roselyne Bachelot a précisé que les efforts "étaient partagés entre les assurés, les professionnels de santé, les organismes gestionnaires". Les réformes annoncées constitue une première salve de mesures mais d'autres pourraient suivre. "Le déficit du régime général est fondamentalement structurel, cela nécessite d'autres types de réponse. Le Premier ministre en a évoqué un certain nombre. Et tout cela nous l'espérons dès 2008", a ainsi ajouté Eric Woerth. Le débat sur la franchise médicale, un seuil de non-remboursement sur les actes de soins, va être relancé. Selon François Fillon, cette mesure pourrait être adoptée à l'automne ou en tout début d'année prochaine. En suivant peut-être la piste évoquée par Martin Hirsch, le Haut commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté, qui propose l'instauration d'un "bouclier sanitaire" permettant que les sommes restant à la charge d'un patient ne puissent pas dépasser de 3 à 5% de son revenu brut. Le député PS Gérard Bapt, ancien rapporteur du budget de la santé, a dénoncé mercredi "le double échec" de la droite sur la Sécurité sociale, avec les réformes sur la Sécu et celle sur les retraites qui n'auraient pas porté leurs fruits. Deux syndicats de médecins libéraux ont eux aussi dénoncé ce plan de redressement qui impose des économies en particulier aux radiologues, aux biologistes et aux praticiens de la médecine générale. Pour la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), le premier syndicat de médecins libéraux, "le gouvernement a choisi d'imposer ce plan scélérat en commettant l'erreur historique du retour à l'arbitraire de la maîtrise comptable".