Spécial élections : la Russie et l'après-Poutine ?

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Elections législatives ce dimanche, élection présidentielle le 2 mars 2008 : la Russie est entrée dans un cycle de scrutins sous très haute tension. Après sept années au pouvoir, Vladimir Poutine ne peut pas une nouvelle fois être candidat à la présidentielle, selon la Constitution russe. Mais il reste bien l'homme fort de son parti "Russie unie", dans une campagne où l'opposition mais aussi la presse indépendante n'ont pas la libre parole.

Russie unie, le parti de Vladimir Poutine, a comme prévu remporté haut la main les élections législatives de dimanche, les premiers résultats officiels lui attribuant 63,3% des suffrages, un véritable plébiscite pour le président. Ces résultats sont encore partiels mais le Parti communiste arrive en deuxième position, le Parti démocrate-libéral (LDPR) de Vladimir Jirinovski, nationaliste, troisième et Russie juste quatrième. Selon un sondage de sortie des urnes, les partis pro-Kremlin disposeront d'assez de sièges pour modifier la constitution et permettre par exemple à Poutine de mettre en place les conditions d'un retour à la présidence.

Le chef de la coalition d'opposition, L'autre Russie, l'ex-champion du monde d'échecs Garry Kasparov, a rendu nul son bulletin de vote en l'endommageant et a qualifié les élections de "truquées". "Boycotter les élections est un signe de faiblesse", a-t-il expliqué devant un grand nombre de journalistes à la sortie de son bureau de vote. Son mouvement, "L'autre Russie" ne participe pas au scrutin, faute d'avoir pu s'enregistrer comme parti.

Le Parti communiste a fait savoir qu'il contesterait les résultats en justice. "Plusieurs de nos avocats ont déjà commencé à préparer des plaintes contestant les résultats des élections auprès de la Cour suprême", a déclaré Vadim Soloviev, chef du service juridique du parti.

L'opposition a accusé la formation appuyée par le Kremlin d'être largement et injustement favorisée, et s'est plainte de harcèlement, d'arrestations et de confiscations de tracts. De nombreuses modifications des lois électorales ont rendu plus difficile l'élection d'opposants au Kremlin en fixant notamment à 7% des suffrages le seuil d'accès à la Douma d'Etat.

Des responsables de l'opposition et l'ONG Golos, qui s'occupe de la surveillance des élections, ont crié à la fraude avant même la fermeture des derniers bureaux de vote, faisant état de nombreux cas de bourrage d'urnes, de pressions sur les électeurs pour qu'ils votent Russie unie et de votes multiples. La Maison Blanche a d'ailleurs appelé Moscou à enquêter sur les accusations de violations qui ont marqué le scrutin.

"Les électeurs ont fait leur choix", a déclaré Poutine après avoir voté avec son épouse Lioudmila à l'Académie des sciences de Moscou. "Tout ce qu'il reste à faire, c'est voter pour le parti dont le programme est le plus convaincant et pour les personnes en qui vous avez confiance."

Poutine, 55 ans, a promis à plusieurs reprises qu'il démissionnerait après l'expiration en mai prochain de son second mandat présidentiel, mais il souhaite conserver pouvoir et influence. La victoire sans appel de Russie unie aux législatives pourrait lui permettre de le faire.Après l'annonce de son écrasante victoire, le parti Russie unie a annoncé qu'il dévoilerait le 17 décembre son candidat pour la présidentielle de mars 2008. Depuis des mois, plusieurs scénarios sont envisagés pour que Poutine conserve une "influence" après son départ du Kremlin, comme Premier ministre, chef de la majorité ou "leader national" aux fonctions à préciser...