Sénatoriales : les cinq enseignements

Le Sénat, ravi pour la première fois par la gauche en 2011, a rebasculé à droite dimcanche.
Le Sénat, ravi pour la première fois par la gauche en 2011, a rebasculé à droite dimcanche. © Maxppp
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avec agences , modifié à
ANTI-SÈCHE - La gauche a perdu sa majorité au Sénat dimanche. Deux sénateurs frontistes y ont été élus. Une première.

Le Sénat change de couleur. Pas moins de 87.000 grands électeurs se sont rendus aux urnes dimanche, pour élire la moitié des nouveaux représentants de la chambre haute. Étaient concernés par ce renouvellement les départements 1 à 36 inclus et 67 à 90 inclus, sauf l'Ile-de-France, quatre collectivités d'outre-mer, ainsi que la Mayenne où une sénatoriale partielle a lieu pour le remplacement du démissionnaire Jean Arthuis.

>> Que faut-il retenir de cette soirée électorale ? Voici les cinq principaux points.

Le FN entre au Sénat. Marine Le Pen a salué une "victoire historique. Le Front national entre pour la première fois dans l'histoire de la Ve République au Sénat avec deux élus, David Rachline dans le Var et Stéphane Ravier dans les Bouches-du-Rhône, a annoncé à l'AFP dimanche la présidente du parti, Marine Le Pen. "Les deux édiles du sud de la France ont mené campagne auprès de maires divers droite et sans étiquette qui n'auraient jamais voté FN à des élections sénatoriales auparavant", commente Olivier Duhamel, politologue et éditorialiste pour Europe 1. Ce dernier voit dans ce revirement "un élément considérable d'acceptation du FN" dans la vie politique française.

La droite reprend le Sénat.  La chambre haute, ravie pour la première fois par la gauche en 2011, a rebasculé à droite dimanche. Selon des résultats presque définitifs, la droite (UMP-UDI) dispose d'une majorité d'au moins 13 sièges. Sur des résultats partiels officiels concernant 175 des 179 sièges qui étaient renouvelés ce dimanche, la droite en a obtenu 115, la gauche 59 et le FN 2. Si on ajoute à ces chiffres la répartition politique des 167 sièges non renouvelables, l'UMP, l'UDI et les divers droite totalisent 188 sièges, soit 13 de plus que la majorité absolue (175), la gauche 155 et le FN 2.

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L'ancien ministre UMP François Baroin (76,58%), qui soutient Nicolas Sarkozy, fait ainsi son entrée à la haute assemblée après cinq mandats de député dans le département de l'Aube. Poids lourd du Sénat, le maire UMP de Marseille, Jean-Claude Gaudin a également été réélu : sa liste est arrivée en tête dans les Bouche-du-Rhône, avec 38,44% des suffrages. Les centristes de l'UDI réalisent aussi une percée (dix sièges selon la sénatrice Chantal Jouanno), un résultat qui conforte leur volonté d'indépendance.

Baylet 640

© Reuters

L'hémorragie à gauche continue… Après la déroute des élections municipales et des européennes, la gauche subit un troisième revers. Le PS a ainsi perdu quelques batailles symboliques. Le président du Parti radical de gauche (PRG), Jean-Michel Baylet (sortant), est par exemple battu dans le Tarn-et-Garonne après plus de 20 ans de fonction. Le maire de Tulle, Bernard Combes, conseillé à l’Élysée, est également battu (46,21%) par l'UMP Claude Nougein (52,69%).

Le Parti communiste, qui avait cinq sortants en perd également trois (Allier, Rhône, Bouches-du-Rhône). Il en conserve deux (Côte d'Armor, Seine-Maritime) et compte désormais un groupe de 18 sénateurs contre 21 auparavant.

… Mais le PS se console comme il peut. Les dirigeants socialistes se sont toutefois employés dimanche à en minimiser la portée symbolique. . "Nous perdons une vingtaine de sièges, on en gagne six. (...) On nous annonçait une Bérézina, elle n'est pas là", a commenté Jean-Christophe Cambadélis devant la presse. "Il n'y a pas d'effet Sarkozy d'un certain point de vue dans cette élection, la gauche résiste", a ajouté le premier secrétaire du Parti socialiste.

Quelques grands noms de la gauche ont en effet réussi leur campagne. Gérard Collomb (photo), maire de Lyon, est réélu à son poste de sénateur du Rhône. Didier Guillaume, qui devrait briguer la présidence du Sénat, a également gagné. Dans les Bouches-du-Rhône, où le scrutin s'annonçait très serré, Samia Ghali a elle aussi été réélue, de même que le président du conseil général Jean-Noël Guérini, exclu du PS.

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Larcher et Raffarin réélus, la bataille peut commencer. Un autre combat va désormais commencer dans les salons feutrés du Sénat : l'élection de son président. Outre Didier Guillaume et la centriste Nathalie Goulet, trois UMP, les mêmes qu'en 2008, briguent le "plateau" : le "filloniste" Gérard Larcher, Jean-Pierre Raffarin, soutenu par Nicolas Sarkozy, et Philippe Marini. Les deux premiers ont été largement réélu dimanche. Philippe Marini ne remettait pas en jeu son siège.

Le groupe UMP organisera le 30 septembre une "primaire" interne afin de désigner son candidat. Gérard Larcher, qui présida le Sénat de 2008 à 2011, est donné favori. Les sénateurs se réuniront le 1er octobre pour élire leur président. Ce dernier deviendra, selon le protocole, le deuxième personnage de l'Etat après le président de la République. C'est lui qui sera chargé de le remplacer en cas de vacance du pouvoir.